Si la crise due au Covid-19 continue, l'un des secteurs les plus touchés en Pologne sera le transport routier: les camionneurs polonais, seigneurs des routes de l'Europe il y a quelques semaines, broient du noir maintenant. «Dans notre situation financière actuelle, nous serons en faillite dans deux mois si le gouvernement ne nous aide pas», constate sobrement Stanislaw Lecyk, 56 ans, propriétaire de la société de transport Frigodor (80 salariés, 55 camions frigorifiques).
Sur le parking de son entreprise à Siedlce, à 100 km à l'est de Varsovie, de gros camions restent immobiles, silencieux. La moitié du personnel est en vacances forcées. «Pour la semaine prochaine, il ne nous reste que 10% des commandes initiales», révèle M. Lecyk. Il a annulé l'immatriculation d'une partie de ses camions pour ne plus avoir à payer l'assurance.
Un bouclier «anticrise» peu efficace
Son cas n'a rien d'exceptionnel, confirme le président de l'Association polonaise des transporteurs internationaux, Jan Buczek. Les routiers polonais ont pris près de 30% du marché européen, et son syndicat compte 4 000 entreprises qui emploient quelque 400 000 conducteurs. «Environ 50% de nos camions sont à l'arrêt», dit-il, «c'est confirmé par les compteurs des péages électroniques sur les autoroutes».
Ils sont loin d'être seuls dans ce cas. En France, selon un rapport récent de la Fédération nationale du transport routier (FNTR), 86% des entreprises, hors celles transportant de l'alimentaire, ont leur activité en arrêt total ou partiel. M. Buczek affirme que le «bouclier anticrise» lancé par le gouvernement polonais pour soutenir l'activité économique «est passé à côté des routiers».
«Nous avons besoin d'argent»
Leurs entreprises, dit-il, peuvent toucher une aide ponctuelle de 5 000 zlotys (1 100 euros), «c'est assez pour faire un plein», dit-il en riant amèrement. Effectivement, certains colosses de la route ont des réservoirs de carburant de 900 litres ou plus. Certes, l'assouplissement des règles au niveau européen - sur le temps réglementaire de repos et sur la durée du temps de travail - a aidé, reconnaît-il, mais «certains pays n'appliquent pas ces dispositions».
«Ce dont nous avons besoin, c'est de l'argent: qu'on nous rende la TVA gardée par le fisc et qu'on nous accorde des crédits peu coûteux et garantis par la banque publique BGK», poursuit M. Buczek. Mais il se garde d'un optimisme excessif: «Les banques nous ont inscrits dans le groupe à grand risque».
Des chauffeurs parfois «ostracisés»
Les chauffeurs, eux, cherchent à garder leur calme, tout en se demandant de quoi leur avenir sera fait et en constatant qu'ils font un peu peur aux gens qu'ils croisent. «Quand je suis à l'étranger et que je demande une information à quelqu'un, les gens s'écartent, ils me demandent de rester à distance. Parfois j'ai le temps de poser ma question mais parfois ils s'enfuient», raconte Marek Gil, 41 ans, routier depuis 13 ans.
Là encore, c'est un peu mieux que ce qui ressort des récits de ses confrères français. Leurs organisations se sont plaintes que les chauffeurs, souvent dépourvus d'équipements de protection, étaient parfois «ostracisés» dans les entreprises où ils livraient, et étaient confrontés à des sanitaires et douches fermés sur les aires de repos.
(L'essentiel/afp)
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il n y a plus de livraisons depuis deux semaines chez moi.
Un peu de respect pour les chauffeurs PL polonais souvent absents de chez eux pour presque 2 mois. J’en ai souvent croisé sur la route de l’Italie sur les aires de repos en train de cuire leur nourriture sur des réchauds à gaz ou du charbon de bois stocké dans la soute pour épargner le prix d’un repas du restoroute. Et sur la route les chauffeurs de l’Est sont des gentlemen ce qui change du bahuteur lambda européen.
Les Polonais ont maintenant peur de tout ce qui arrive de l'Ouest car par ici on a beaucoup plus de cas de Covid-19 que chez eux. Peur pour leur vie !!! .... Et les routiers polonais voyagent souvent à l'étranger...
Ah, les emplois volés grâce à la complicité de l’UE ? Consommons local disons-nous ces derniers temps. J’espère que cette belle idée perdurera après la fin de l’épidémie.
C vrai !!!!