Élections en Bulgarie350 000 bulletins clandestins mis au jour
La justice bulgare a saisi des centaines de milliers de bulletins de vote illégaux à la veille des élections législatives anticipées dans le pays. Une fraude potentielle dans un pays de l'UE.

Les bulletins frauduleux découverts en Bulgarie ont été commandés par le GERB, formation de l'ancien Premier ministre Boïko Borissov.
Les documents ont été trouvés dans une imprimerie qui avait un contrat déjà rempli avec le gouvernement pour imprimer des bulletins de vote. «Les bulletins saisis dans la nuit du 10 mai sont en trop par rapport aux quantités commandées», a indiqué le Parquet, qui s'est engagé à fournir des détails mais seulement après les élections. L'imprimerie se situe dans la ville de Kostinbrod, à 14 kilomètres au nord-ouest de Sofia. Son propriétaire Yordan Bontchev, conseiller municipal du parti conservateur GERB, cité par l'agence Focus, a démenti l'impression de bulletins illégaux.
Le GERB, formation de l'ancien Premier ministre qui avait démissionné le 20 février sous la pression de la rue, a également démenti. Sans avoir été mis en cause officiellement, il a protesté contre «des spéculations politiques». Les sondages le donnent légèrement en tête des intentions de votes aux élections législatives. «Ce nombre de bulletins correspond à 10% des suffrages et correspond à 25 sièges. Il s'agit d'un cas sans précédent en Europe», a affirmé le leader du parti socialiste (PSB, ex-communistes) Sergueï Stanichev, qui a directement mis en cause le GERB.
«Une tentative de coup d’État»
«Il manque la réaction du président, du Premier ministre et de la commission électorale. L'image de la Bulgarie en Europe et dans le monde est en cause», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse organisée promptement après la révélation de l'affaire. Le parti de l'ex-Premier ministre conservateur Ivan Kostov (1997-2001), Démocrates pour une Bulgarie forte (DBF), a demandé pour sa part le report des élections jusqu'à l'impression de nouveaux bulletins.
«La découverte du Parquet relève d'une tentative de coup d’État via une prise du pouvoir par une falsification massive du vote», s'est emporté Lutvi Mestan, président du parti de la minorité turque Mouvement pour les droits et libertés, MDL, lui aussi lors d'une conférence de presse. Cependant, le porte-parole de la Commission électorale Bisser Troïanov a assuré que le vote aurait bien lieu comme prévu.
Une centaine de personnes, scandant «Mafia!», s'étaient rassemblées devant le siège de la commission, où se tenait une réunion extraordinaire. L'achat de votes et les pressions politiques exercées par des employeurs sont largement répandues depuis la fin du communisme. Ces pratiques ont pris des proportions alarmantes depuis les élections municipales et présidentielle en 2011. Selon l'institut NCIOM, 12% des électeurs, pauvres ou désabusés, se sont déclarés prêts à monnayer leur suffrage lors de ces élections. Et le Parquet a déjà ouvert au cours des derniers jours 17 enquêtes sur des achats de votes présumés dans le cadre de ce scrutin.
(L'essentiel Online/AFP)