Affaire Madoff: ce que risque le Luxembourg

Publié

Affaire Madoff: ce que risque le Luxembourg

Il y va de la réputation de la place financière, déjà sous le feu des critiques de Paris et Berlin pour son secret bancaire. Son mécanisme de supervision pourrait être pris en défaut.

Luxembourg, avec un montant d'actifs sous gestion de plus de 1 600 milliards d'euros fin novembre 2008, est le premier centre mondial des fonds d'investissement en Europe. (Editpress)

Luxembourg, avec un montant d'actifs sous gestion de plus de 1 600 milliards d'euros fin novembre 2008, est le premier centre mondial des fonds d'investissement en Europe. (Editpress)

Le Luxembourg a tout a gagné à ce que les responsabilités soient mises à jour dans l'affaire Madoff. Les autorités luxembourgeoises ont lancé une enquête début janvier pour remonter la chaîne des responsabilités des banques dépositaires. Parmi eux, la suisse UBS et des auditeurs de fonds d'investissement domiciliés au Luxembourg qui ont placé des actifs dans des sociétés de Madoff aux États-Unis.

Les enjeux sont de taille. Les engagements pour l'instant évalués à 1,9 milliard d'euros des clients des fonds luxembourgeois dans Madoff ne représentent certes que 0,15% de ces encours totaux de l'industrie grand-ducale de la gestion collective.

«Responsabilités clairement établies»

Mais le pays défend jalousement son secret bancaire ainsi que le sérieux et la qualité de sa place financière, de ses produits et de la supervision bancaire. Un scandale pourrait nuire à cette image de marque. Cela serait d'autant plus fâcheux que le Luxembourg a été récemment engagé dans une polémique acerbe avec ses deux grands voisins, la France et l'Allemagne, qui semblaient ranger le grand duché parmi les opaques "paradis fiscaux" impliqués dans la crise financière mondiale.

"La place financière a évidemment à craindre pour sa réputation dans l'affaire Madoff", a reconnu devant la presse le directeur de l'Association des banques et banquiers du Luxembourg, Jean-Jacques Rommes. Il souhaite donc que les investigations de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), chargée de la régulation de la place, aillent très vite et que "toutes les responsabilités soient clairement établies".

Milliers d'investisseurs concernés

La CSSF s'intéresse particulièrement au rôle qu'a joué la filiale locale d'UBS, UBS Luxembourg, banque dépositaire et gestionnaire de deux fonds d'investissement ouverts au public, Luxalpha et Luxinvest. UBS a délégué la gestion des fonds à des intermédiaires, qui les ont ensuite placés auprès des sociétés de Bernard Madoff.

La CSSF a rappelé, sans citer le nom d'UBS, que la banque dépositaire est responsable des actifs des fonds même si elle les délègue à des tiers. Et que les fonds d'investissement de droit luxembourgeois ouverts au grand public relèvent des dispositions d'une directive de 1985, qui assure en principe aux investisseurs des garanties de protection identiques partout en Europe.

Pour l'instant, les fonds ont été suspendus en décembre par les autorités luxembourgeoises, ce qui permet de geler provisoirement les demandes de remboursement des milliers d'investisseurs européens concernés. Une situation amenée à évoluer. Car pour la réputation de la place financière, le temps presse.

lessentiel.lu avec AFP

Le financier français, Thierry Magon de Villehuchet, qui s'est suicidé dans son appartement new-yorkais peu avant Noël, apparaît dans le conseil d'administration d'Access Management Luxembourg (AML). Il était aussi l'un des fondateurs et dirigeants d'Access International, la maison mère d'AML.

Ton opinion