Suspension de Contador – Anik Sax : «A la fois triste et rassurant»

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Suspension de ContadorAnik Sax : «À la fois triste et rassurant»

LUXEMBOURG - La directrice de l’Agence luxembourgeoise antidopage et ancienne membre de l’agence mondiale antidopage, s’est confiée, lundi, après l’annonce de la suspension de Contador.

L’essentiel: Comment accueillez-vous la nouvelle de la suspension d’Alberto Contador?

Anik Sax: Je n’ai pas encore pu lire le rapport du Tribunal arbitral du sport (Tas). On peut se demander pourquoi il a fallu autant de temps pour arriver à une décision. Mais pour moi c’est rassurant de voir que malgré les pressions, et malgré la popularité du coureur, le Tas a pris ses responsabilités. Pouvoir sanctionner un athlète d’un tel niveau est une bonne nouvelle pour tous ceux qui s’impliquent dans la lutte antidopage. Pour le sport, en revanche, c’est une triste nouvelle de constater qu’il ait eu recours au dopage pour parvenir à ses fins.

Pourquoi a-t-il fallu 18 mois pour parvenir à un verdict?

Cela s’explique par le fait que le sportif comme la partie adverse ont des droits qu’ils doivent faire respecter. Il est normal que chacun puisse apporter des éléments nouveaux et que la présomption d’innocence soit respectée.

Mais tout de même ce fut vraiment long…

Très très long même. Dès le début, la procédure a été particulièrement lente. Sans doute aussi parce qu’il s’agit de Contador. En fait, en principe, les juridictions sportives ont été conservées pour que les dossiers avancent trop vite. Cette affaire est l’exemple à ne pas suivre… Mais c’est un cas exceptionnel.

Comment expliquer que Contador n’ait pas reçu le même traitement que les joueurs de foot contrôlés positifs au clenbutérol lors du Mondial des moins de 20 ans au Mexique en 2011?

Je ne connais pas bien le dossier. Mais dans les autres affaires, les cas ont été révélés dans des pays où existe un réel problème de santé publique avec la viande. Des études sur des touristes l’ont démontré.

Le Tas pencherait pour la thèse des suppléments nutritifs contaminés. Mais comment condamner l’Espagnol sans prouver que c’était le cas?

C’est à l’athlète de démontrer pourquoi il a telle ou telle substance dans le corps. Chaque sportif est responsable de ce qu’il a dans l’organisme. Ses preuves n’ont pas dû être jugées assez convaincantes. Le Tas ne peut pas dire à 100% que cela vient de suppléments nutritifs contaminés mais à partir du moment où une substance est détectée et que l’explication du sportif n’est pas jugée suffisante, une condamnation peut intervenir.

Pouvez-vous nous rappeler les effets dopants du clenbutérol?

Au départ c’est un médicament utilisé par les vétérinaires pour les animaux souffrant de problèmes respiratoires. Mais parmi ses effets secondaires, il a ceux d’un anabolisant. C'est-à-dire qu’il développe la musculature. Dans le cas de Contador, la dose était infime (de l’ordre de 50 picogrammes) mais il n’y a pas de seuil pour ce produit.

Pourquoi le Tas a-t-il décidé d’infliger une suspension rétroactive à l’Espagnol qui a couru et amassé de l’argent depuis…

Le Tribunal arbitral du sport a la possibilité de décider du moment auquel la sanction commence. Il n’y a pas de règle interdisant une sanction rétroactive. Le Tas avait ses raisons. Souvent la sanction est rétroactive quand le sportif décide d’arrêter la compétition à partir du moment où il est contrôlé positif. Dans ce cas c’est différent. Côté financier, des dispositions risquent d’être prises pour lui retirer ses gains.

Recueilli par Nicolas Martin

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