CriseAprès la dette, la récession menace l'Europe
L'Europe risque de replonger dans la récession économique, alors qu'elle se débat déjà dans la crise de la dette qui menace d'emporter l'Italie et de déstabiliser l'ensemble de la zone euro.

Pour l'Europe, il s'agirait de la deuxième récession en trois ans, après celle née de la crise financière en 2008.
«La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession», a prévenu jeudi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, à l'occasion de la publication des prévisions économiques d'automne de l'exécutif européen à Bruxelles. Techniquement, une récession se définit à partir d'au moins deux trimestres consécutifs de recul de l'activité économique. Pour l'Europe, il s'agirait de la deuxième récession en trois ans, après celle née de la crise financière en 2008. Mais le trou d'air en Europe pourrait aller bien au-delà.
«Une récession profonde et prolongée et de nouvelles turbulences sur les marchés financiers ne peuvent plus être exclues», a ainsi avancé Marco Buti, le directeur général aux affaires économiques et monétaires de la Commission européenne, en charge du rapport sur les prévisions d'automne. Mi-septembre, M. Rehn tablait encore seulement sur un net ralentissement de la croissance, «mais pas une récession», signe que la situation entre-temps s'est détériorée avec une contagion de la crise de la dette, qui menace désormais l'Italie, la troisième économie de la zone euro. Conséquence: le taux d'endettement global de la zone euro devrait continuer à augmenter légèrement et dépasser 90% du Produit intérieur brut en 2012».
Un retour de la croissance en 2013?
L'économie mondiale est à nouveau entrée dans une zone dangereuse. Au printemps, la crise de la dette souveraine semblait contenue. En outre, des signes de demande intérieure permettaient de croire à une légère reprise de l'activité en Europe (...). Ces espoirs ont été balayés», fait savoir la Commission européenne. Par conséquent, Bruxelles ne prévoit pas de baisse du chômage à court terme même si «la situation reste très variable d'un État membre à l'autre».
Dans le détail, l'Italie en pleine tourmente devrait connaître une stagnation de son Produit intérieur brut en 2012 (+0,1%), alors que la Commission tablait en mai dernier sur une croissance de 1,3%. La situation devrait péniblement s'améliorer en 2013, avec une progression du PIB de 0,7%, selon la Commission. Et la Grèce devrait rester en récession l'an prochain, avec un recul du PIB de 2,8% alors que Bruxelles tablait encore au printemps sur une croissance de 1,1%.
La Commission s'attend désormais à un retour de la croissance en 2013, seulement, pour la Grèce, avec une progression du PIB de 0,7%. Au Portugal, la récession devrait être plus profonde que prévu, avec un recul du PIB de 3% en 2012 contre 1,8% prévu au printemps. Le pessimisme est également de mise pour les locomotives de la zone euro, l'Allemagne et la France, qui sont deux pays parmi les mieux notés en Europe. Bruxelles envisage désormais une croissance de seulement 0,8% en Allemagne alors que Berlin vient d'abaisser sa prévision à 1%. Concernant la France, Bruxelles se montre encore plus sévère et mise sur une croissance de 0,6% en 2012. Le gouvernement français table lui sur une croissance de 1%, un chiffre déjà révisé en baisse. C'est en se fondant sur cette estimation que Paris vient d'annoncer lundi un nouveau plan d'austérité, représentant 7 milliards d'euros d'économies ou de recettes supplémentaires d'ici à fin 2012.
L'essentiel Online/AFP