Au Luxembourg – Après la peur d'être enfermé vient l'angoisse de sortir

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Au LuxembourgAprès la peur d'être enfermé vient l'angoisse de sortir

LUXEMBOURG - Comment faire pour gérer sereinement la période de déconfinement? La psychologue Raymonde Scheuren nous conseille.

Le stress généré par le déconfinement ne doit pas être négligé.

Le stress généré par le déconfinement ne doit pas être négligé.

L’essentiel: Les habitants ont géré le stress du confinement. Qu’est-ce qui nous attend à la sortie?

Raymonde Scheuren: Certains patients sont angoissés par le fait qu’eux-mêmes, leur conjoint ou leurs enfants doivent sortir. Chez eux, ils se sentent en sécurité. Dehors, ils craignent l’infection. Nos cabinets ont rouvert, mais ils continuent à recourir à la télé-consultation. Pour des étudiants, le déconfinement et le stress du retour à l'école peuvent s'ajouter à un stress déjà existant et relatif au passage de leurs examens, à la fin de l'année scolaire. Ils se sentent dépassés.

Est-on toujours conscient de son stress?

Certains ont l’impression d’être sereins, mais ont soudainement des problèmes cardiaques, de respiration, des bourdonnements à l’oreille, ou ils transpirent beaucoup. Ils pensent être malades ou qu’ils ont peut-être attrapé le coronavirus. Puis il s’avère que c’est une réaction du corps provoquée par de l'angoisse et le stress.

Que peut-on faire contre ces angoisses?

L’angoisse est toujours liée à la perception, même inconsciente, d’un danger ou d'un risque que quelque chose de grave peut arriver. Il est important d'expliquer ce mécanisme de la peur au patient et d'analyser avec lui la nature du danger potentiel ou le niveau du risque, dans la situation Covid actuelle, d'être contaminé. En réalisant que la probabilité d'un danger réel est bas, le patient arrive à se calmer. Le exercices de respiration et le sport peuvent aider. Mais si on ne se sent pas la force d’affronter seul son stress et ses angoisses, il est conseillé de consulter même de manière temporaire.

Ceux qui sont contents de sortir ne risquent-ils pas d'être déçus de ne pas revenir à une vraie normalité?

Oui, mais il est trop tôt pour évaluer l’impact psychologique. Ce que nous voyons en revanche sont des gens qui se sont forcés à se contrôler à cause du virus et n'en ont pas l’habitude. D'un coup, ils craquent et font le contraire de ce qu'ils devraient. C'est pour cette raison que l'on voit par exemple des automobilistes prendre des risques inconsidérés en ce moment.


(Propos recueillis par Séverine Goffin/L'essentiel)

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