«Olivier Giroud, héros malgré lui de la droite dure». Avant la demi-finale qui oppose la France au Maroc, mercredi soir (20h), un article du Parisien illustre une impression largement observée sur les réseaux sociaux au fil des années. «Blanc et chrétien», l'attaquant des Bleus est devenu, contre sa volonté, une icône d'une partie conservatrice de la France, voire de la fachosphère.

Après le but de la victoire, en quart de finale contre l'Angleterre, nombreux étaient les hommes politiques classés à droite et à l'extrême droite qui lui ont réservé un message de félicitations, omettant, volontairement ou non, le premier buteur de la soirée, Aurélien Tchouaméni. D'aucuns y ont vu un sous-texte raciste. «J'ai fait une mention spéciale à Giroud (…) Mais je félicite tout le monde», s'est défendu le président du RN, Jordan Bardella.

Des polémiques inhérentes aux névroses de la société française qui lassent l'attaquant de 36 ans. L'entourage du meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France a réagi à cette instrumentalisation pesante: «Olivier ne cherche pas à être un porte-drapeau, c'est contre ses convictions mais il ne peut pas l'empêcher. Il est d'une neutralité politique totale, ses convictions religieuses le poussent à aimer tout le monde et qu'il y ait 10 rouges ou 10 blancs sur le terrain, il n'en a rien à faire».

Bien entendu, cette récupération est favorisée par les performances exceptionnelles du natif de Chambéry, sur le terrain, mais également par son destin fabuleux. Arrivé sur le tard au plus haut niveau, Olivier Giroud a surmonté toutes les difficultés et remis en question des observateurs pour devenir l'attaquant numéro un de l'ère Deschamps en concurrence avec… Karim Benzema.

Pour une partie de l'opinion, l'un représente la France urbaine, le surdoué englué dans les affaires qui a déçu en Bleu, l'autre la France périphérique, passé de la troisième division au titre de champion du monde. Une vision caricaturale qui a nourri l'opposition entre les deux joueurs. Eux aussi l'ont entretenue (NDLR: Benzema la «F1» avait qualifié Giroud de «karting») avant d'afficher leur bonne entente après le retour du Ballon d'or 2022 en équipe de France.

Titulaire pour pallier l'absence sur blessure du Madrilène, Olivier Giroud fera fi de ces considérations, mercredi soir, en essayant de qualifier la France pour une deuxième finale de Coupe du monde consécutive.