Tour de FranceBob Jungels «visera des victoires d'étapes»
LUXEMBOURG/NICE - Le Luxembourgeois s’apprête à prendre le départ de son troisième Tour de France. L’occasion d’évoquer ses ambitions avant le grand rendez-vous.

Exceptionnellement, Bob Jungels va rouler pendant un an sans son maillot de champion du Luxembourg.
Comme tous les coureurs cyclistes, Bob Jungels a vécu une saison très particulière. Après un Paris-Nice de bonne facture, conclu à la 15e place finale, avec notamment une quatrième place sur une étape, la crise sanitaire l’a obligé à poser le pied à terre. Depuis la reprise, sur les Strade Bianche le 1er août, il n’a pas signé de résultat probant à titre individuel en World Tour, mais cela ne l’inquiète pas outre mesure.
Après les championnats nationaux où il a conservé son titre en contre-la-montre mais subi la loi de Kevin Geniets sur la course en ligne, Bob Jungels s’apprête à débuter le Tour de France, l’un de ses grands objectifs de l’année. Ce n’est que la troisième fois qu’il prend part à l’épreuve, après des débuts encourageants avec une 27e place finale puis une 11e place en 2018.
L’essentiel: Comment est la forme, juste avant le départ du Tour?
Bob Jungels: J’ai bien travaillé ces derniers mois, afin de me créer une bonne base physique. Puis je suis allé sur le Critérium du Dauphiné, où il fallait travailler le rythme de course. Maintenant, je me sens plutôt bien.
Le manque de résultats au Dauphiné ne vous inquiète pas?
Non, j’étais face à des coureurs qui étaient déjà à un autre niveau. Surtout, je ne voulais pas faire la même erreur que d’autres années, à savoir être en forme trop tôt. Je pense que nous avons bien fait d’établir ce programme, avec l’équipe.
Comment était la préparation durant cette saison si particulière?
C’est très difficile de se préparer pour une telle saison, mais nous nous sommes adaptés à la situation. Au début du confinement, j’ai fait une petite pause pour récupérer. Après, je me suis entraîné un peu comme en hiver. Au Luxembourg, j’ai pu rouler, ce qui était un petit avantage par rapport à ceux qui vivent dans des pays où la pratique du cyclisme était interdite. Paradoxalement, nous avons vu à la reprise que ceux qui n’ont pas pu rouler sont déjà très forts, mais il faudra voir s’ils peuvent tenir cette forme longtemps. Car le travail sur les rouleaux, ce n’est quand même pas pareil!
Quels seront les objectifs sur le Tour?
Je ne pars pas avec le classement général en tête, Julian Alaphilippe (NDLR: son coéquipier) non plus, même si cela peut évoluer en fonction des circonstances de course. Je viens d’abord avec l’idée de gagner des étapes. J’ai fait des reconnaissances dans les Alpes, mais je ne vise pas une étape en particulier, ce sera en fonction de la forme du moment.
Peut-on imaginer vous voir au service de Julian Alaphilippe ou d’un autre coéquipier?
Je serai l’un des leaders protégés de l’équipe. Je peux bien sûr aider à gagner en équipe, mais j’ai aussi mes ambitions! Quant à Julian, s’il ne joue pas le général, il sait aussi se placer tout seul dans les échappées et gagner (rires)!
Ne craignez-vous pas que la course soit cadenassée par les armadas Jumbo-Visma et Ineos?
C’est clair que le niveau sera très élevé. Ils sont déjà en très bonne forme, mais quoi qu’il arrive, il faudra rester calme, même s’ils sont un ton au-dessus durant la première semaine. Tout peut changer très vite, ils peuvent faiblir sur la fin du Tour.
Que pensez-vous des mesures strictes édictées en cas de Covid, qui amènent une équipe à se retirer après deux cas au sein des coureurs ou du staff?
C’est une année spéciale, nous sommes déjà contents de pouvoir rouler. Maintenant, chacun connaît les règles et personne ne veut risquer que l’équipe soit exclue. Si un maillot jaune doit se retirer de la course, c’est comme ça, il faudra l’accepter.
Les négociations pour le transfert vers AG2R-Citroën en 2021 ont-elles perturbé la préparation?
Perturbé non, mais je dirais que cela joue un rôle au niveau du mental, au niveau émotionnel. Il n’y avait pas de problème avec Deceuninck-Quick Step, personne n’est fâché, mais j’avais besoin de changer quelque chose pour continuer à progresser. Je pense avoir pris la bonne décision, il faut parfois se lancer de nouveaux défis.
Quel sera le programme de course l’an prochain?
Je serai le leader sur les courses par étapes (NDLR: Romain Bardet et Pierre Latour quitteront AG2R à la fin de la saison), je veux progresser dans ce domaine et retravailler les chronos.
De plus, j’aurai un rôle un peu plus libre sur les classiques, dans une équipe très forte, avec Greg Van Avermaet et Oliver Naesen. Les courses pavées me conviennent, donc ce serait bête de ne plus y aller, je veux gagner de grandes courses.
L’an prochain, vous ne serez plus dans la même équipe que Julian Alaphilippe, dont vous êtes proche. Comment le vivez-vous?
C’est bien sûr différent de ne plus être avec Julian, mais nous n’avions déjà pas beaucoup couru ensemble l’an dernier, nous n’étions pas sur les mêmes courses. Même si je change d’équipe, les relations personnelles resteront.
(Propos recueillis par Joseph Gaulier/L'essentiel)