Procès Luxair«C'est le copilote qui devait voler»
LUXEMBOURG - Le pilote du Fokker-50 de Luxair a reconnu à demi-mot ne pas avoir suivi le manuel de son appareil avant d'affirmer qu'il n'était pas aux commandes lors du crash.

Le président de la IXe chambre correctionnelle à Luxembourg, Prosper Klein, a souhaité comprendre, mercredi, pourquoi le pilote a commis diverses fautes, pas forcément «volontaires», qui ont conduit le vol Luxair à s’écraser le 6 novembre 2002. Il ressort que la tour de contrôle n’avait pas connaissance de la catégorie de l’appareil. En effet, elle a autorisé le pilote à atterrir alors que son avion avait l’obligation d’avoir une visibilité de 300 m sur la piste. Mardi, il expliquait croire que la tour connaissait la catégorie de tous les appareils.
«Comment la division des tâches dans le cockpit est-elle répartie?» demande l’avocat de la partie civile, Me Urbany, au pilote de l’appareil. Selon le commandant, les commandes sont demandées par le pilote et le copilote exécute. Seul hic, Claude Poeckes ne pense pas avoir été aux commandes lors des dernières minutes. «Jusqu’au Findel, c’est moi mais je pense qu’après, c’est le copilote qui devait rouler».
«C’était la règle, un point c’est tout»
L’autre erreur, c’est celle du pilote, qui a demandé lui-même une autorisation malgré cette absence de visibilité, ne s’en tenant pas aux règles du manuel de l’appareil. «Si la visibilité sur la piste est insuffisante, on ne peut pas atterrir», avoue Claude Poeckes, le capitaine de bord. «C’était la règle, un point c’est tout», assène Prosper Klein. Le pilote ne peut qu’attester. En phase descendante, il avait décidé de faire une remise de gaz, c’est-à-dire de repartir dans les airs. «Vous auriez dû dire au copilote de prévenir la tour», explique le juge.
En effet, selon l’enregistrement du cockpit, le pilote annonce: «approche manquée». A ce moment, il doit lancer la procédure habituelle: stopper la phase d’atterrissage pour remonter. Une décision prise tardivement et qui ne s’est pas manifestée dans les faits. L’enregistrement et les experts confirment aussi que les loquets nécessaires à une approche d’atterrissage ont été débloqués. L'accident a fait 20 morts.
JV/L'essentiel Online avec ChM
Deux anciens directeurs de Luxair seront appelés à la barre demain jeudi et lundi. Jeudi, ce sera Christian Heinzmann, directeur général de 2001 à 2002 et lundi, Roger Sietzen, directeur général de 1992 à 1998.