Cours de luxembourgeois«C'est une langue plutôt rigolote à apprendre»
LUXEMBOURG - La demande de cours de luxembourgeois est en pleine expansion mais pour répondre à la demande, encore faut-il qu’il y ait des professeurs compétents en la matière.

Une centaine de personnes ont décroché le certificat depuis 2009.
Mis en place à la rentrée 2009, à l’Institut national des langues et l’Uni, le «Zertifikat lëtzebuerger Sprocch a Kultur» (ZLSK) permet à des Luxembourgeois de naissance ou des résidents ayant effectué une partie de leur scolarité au Grand-Duché, d’enseigner la langue luxembourgeoise aux adultes. «Je trouve qu’il est important de parler luxembourgeois pour s’intégrer», confie Stéphanie, fraîchement certifiée comme 22 autres de ses camarades. Cette jeune femme de 31 ans donne des cours de soutien depuis qu’elle a 16 ans.
«J’aide en français, en allemand, alors pourquoi pas en luxembourgeois, car on ne le sait pas assez mais ça peut être une langue plutôt rigolote à apprendre», sourit-elle. Son certificat en poche, elle espère pouvoir trouver plusieurs personnes pour constituer un cours à titre privé. «Je voudrais vraiment permettre l’apprentissage par la conversation». De son côté, Josy, 48 ans, a décidé de changer complètement de vie: «Je suis fonctionnaire dans un ministère, je n’ai jamais enseigné mais je me suis lancée et aujourd’hui je suis certifiée», lance-t-elle, plutôt fière de transmettre «une langue qui tend à se perdre». Elle va proposer ses services aux communes ou aux associations qui proposent des cours de luxembourgeois.
«Cette langue se doit d’être vivante»
À raison de 6 heures par semaine durant deux semestres, la formation s’articule autour de trois modules: la linguistique (phonétique, prononciation, grammaire, orthographe…), la littérature et la culture (auteurs phare, histoire du Luxembourg…) et la didactique (comment préparer un cours pour adultes). «La promotion 2014/2015 a vraiment été un bon cru», se félicite Jeff Baden, coordinateur du ZLSK. «Sur 25 inscrits, seuls deux ont abandonné, tous étaient vraiment motivés à apprendre à transmettre cette langue qui se doit d’être vivante».
Un avis partagé par le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Claude Meisch, venu remettre à chacun les certificats en mains propres. «On n’a jamais autant parlé, écrit luxembourgeois qu’aujourd’hui», indique-t-il. «Les Luxembourgeois ont envoyé un message lors du dernier référendum, celui de dire que la langue luxembourgeoise était importante pour la cohésion du pays». «Mais beaucoup veulent d’ailleurs l’apprendre (voir encadré) et il était important de garantir une certaine qualité des cours et ce certificat valide un certain nombre d’acquis nécessaires à cette qualité».
(Marion Chevrier/L'essentiel)
Le luxembourgeois gagne du terrain
Sur les 12 400 inscrits à l’Institut national des langues (INL) à la rentrée 2014, si le français reste la langue la plus enseignée (38%), le luxembourgeois gagne du terrain, année après année. En 2003, le luxembourgeois a doublé l’anglais à la deuxième position des langues les plus enseignées à l’INL et entre 2002 et 2014, la proportion d’inscriptions à des cours de luxembourgeois sur le nombre total d’inscriptions est passée de 19% à aujourd’hui 26%! «La réforme de la nationalité y est pour beaucoup mais pas que», note Karin Pundel la directrice de l’INL. «On sent une vraie volonté de comprendre et parler la langue de ce pays dans la vie de tous les jours».
Qui apprend le luxembourgeois?
Entre 2010 et 2014, à l’INL, ce sont les Français (17%) les plus nombreux dans les cours, devant les Portugais (12%) les Luxembourgeois (9%) et les Belges (6%).
Beaucoup d’attente
Succès des cours de luxembourgeois oblige, les listes d’attente s’allongent, notamment pour les cours débutants (A1) même si le nombre de professeurs a été doublé en dix ans (de 15 à 30). S’il y a davantage de cours (53 contre 36 il y a quatre ans), ils sont vite pris d’assaut, «surtout pour les cours entre midi et 14h et à partir de 17h», indique Karin Pundel, la directrice de l’INL. Ainsi, par exemple, au semestre du printemps 2015, 320 personnes étaient sur liste d’attente pour 585 inscrits en cours débutants.