«Jeunesse» sélectionné à Cannes«Il y a de fortes chances qu'on travaille à nouveau avec le Luxembourg»
CANNES/LUXEMBOURG - «Jeunesse» de Wang Bing est en compétition officielle au Festival de Cannes. Rencontre avec le réalisateur chinois qui a choisi le Luxembourg pour l’aider à accomplir son œuvre.
- par
- De notre envoyée spéciale à Cannes, Marine Meunier
Grand documentariste, multirécompensé, Wang Bing est pour la première fois en compétition à Cannes avec «Jeunesse», un documentaire de plus de trois heures sur la main-d’œuvre chinoise dans le secteur du textile. Le réalisateur chinois d'une des cinq coproductions luxembourgeoises sélectionnées au festival a accordé une interview à L'essentiel.
L'essentiel: Comment réalise-t-on ce type de documentaire? Vous avez tourné de 2014 à 2019, un travail de longue haleine…
Wang Bing: C’est très différent de la fiction et de ses impératifs de temps de travail et d’organisation. Moi, j’étais dans un environnement de grande liberté et très détendu. Si un matin, je ne voulais pas travailler, j’étais libre de le faire et c’est ça que j’aime dans ce travail. On pourrait se dire que ce n’est pas très productif ni efficace mais on a besoin de temps libre pour tenir sur toute la durée du film et réussir un travail en profondeur.
Pourquoi avoir choisi la jeunesse ouvrière chinoise comme sujet de votre documentaire?
Il y avait quelque chose d’extrêmement représentatif de la population chinoise de ces trente dernières années. Il faut savoir que la majorité de la population chinoise est paysanne, la plupart se retrouve à devoir migrer pour aller travailler dans les villes. Je devais en faire un film.
Tourner à Zhili, à plus de 100 km de Shanghai, et dans ses petits ateliers indépendants, m’a permis une grande liberté. Je n’avais pas besoin d’autorisation de l'état, contrairement à d'autres secteurs.
Comment ont-ils accepté d’avoir une caméra qui les suive non-stop?
Il y a énormément de petits patrons, certains n’étaient pas d’accord mais d'autres m’ont très bien accueilli. Si bien qu’on est devenus de très bons amis. Avec d’autres, ça a pris un peu plus de temps.
Le Grand-Duché a participé à votre documentaire, comment s’est passée la collaboration?
Une partie de la post-production s’est déroulée au Luxembourg. Tout s’est très bien passé, les gens ont adoré travailler ensemble. Il y a de fortes chances qu'on travaille à nouveau avec le Luxembourg, pour de futurs projets.
Avez-vous d’autres projets en tête?
Pour le moment c’est «Jeunesse» qui occupe toutes mes pensées, car il y a encore deux parties qui arrivent (NDLR: le film dure près de 10h au total). Le montage est presque terminé mais il y a encore du travail au niveau du sous-titrage à faire. Le projet est loin d’être fini.