Au LibanCarlos Ghosn entendu par la justice française
Une délégation de magistrats français se rend à Beyrouth, pour interroger l’ex-PDG de Renault, contraint de rester au Liban, depuis sa fuite du Japon, en décembre 2019.

L'audition est prévue sur cinq jours.
L’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn sera entendu à partir de lundi pour la première fois par une délégation de magistrats français, spécialement venus à Beyrouth l’interroger dans les enquêtes qui le visent à Nanterre et Paris, notamment pour abus de biens sociaux.
Au menu des questions de cette audition prévue sur cinq jours: deux fêtes au château de Versailles, des flux financiers avec un distributeur commercial à Oman, ainsi que des prestations de conseil quand Carlos Ghosn était PDG de Renault-Nissan.
«Seul le statut de mis en examen»
«La défense a d’ores et déjà identifié dans les dossiers français des irrégularités de procédure qu’elle estime graves», dénoncent dans un communiqué les trois avocats de Carlos Ghosn, Mes Carlos Abou-Jaoude, Jean-Yves Le Borgne et Jean Tamalet. «Ces anomalies, qui fragilisent le processus judiciaire, proviennent des méthodes singulières de l’enquête japonaise qui demeure la source principale des dossiers français».
L’ancien magnat de l’automobile, âgé de 67 ans, «entendu comme témoin, n’a pour lors aucune possibilité de contester la légalité de la procédure», constatent-ils. «Seul le statut de mis en examen», que les trois avocats «appellent de leurs vœux, lui permettra de dénoncer les vices juridiques affectant le dossier et de faire réaliser des auditions», estiment-ils.
«Échapper à l’injustice»
En étant mis en examen, Carlos Ghosn pourra avoir accès au dossier, donc connaître les charges qui pèsent contre lui, mais surtout demander des actes (contre-expertises, auditions de témoins, confrontations, etc.). Mais cette mise en examen ne pourra pas intervenir tant que Carlos Ghosn n’est pas sur le sol français.
L’ancien homme d’affaires, visé par un mandat d’arrêt d’Interpol, est contraint de rester au Liban depuis sa fuite rocambolesque du Japon en décembre 2019. Arrêté en novembre 2018 sur le tarmac de l’aéroport de Tokyo, il était en liberté sous caution après plusieurs mois de détention, avec interdiction de quitter l’archipel dans l’attente de son procès pour des soupçons de malversations financières chez Nissan quand il a déjoué la surveillance des autorités nippones.
Vraisemblablement caché dans un caisson de matériel audio à bord d’un jet privé, le Franco-Libano-Brésilien a assuré ne pas avoir «fui la justice», mais avoir voulu «échapper à l’injustice», dénonçant un «complot» des autorités japonaises à son encontre.
(L'essentiel/afp)