Incendie à Bucarest – Ces «héros» morts en sauvant des vies

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Incendie à BucarestCes «héros» morts en sauvant des vies

Un incendie a ravagé vendredi soir une discothèque de Bucarest. 32 personnes sont mortes. Parmi les victimes, des jeunes qui ont pénétré dans le night-club en feu pour aider.

L'un était diplômé en physique, l'autre en économie mais ils avaient une passion commune: le rock. Ils sont morts tous les deux après avoir sauvé plusieurs jeunes piégés dans la discothèque bucarestoise ravagée par les flammes vendredi. «Claudiu Petre était un type très chouette, intelligent et bon vivant», raconte Marius, un ami d'enfance qui retient avec difficulté ses larmes. Physicien de formation, «il savait ce que c'est que la fumée toxique et pourtant il a choisi de tout ignorer pour retourner par deux fois dans le club afin d'en sortir des gens», ajoute Marius.

Cet homme barbu de 36 ans, qui avait travaillé comme informaticien à l'Université de Bucarest puis dans une compagnie privée, était sorti indemne de la discothèque Colectiv en proie aux flammes. Mais peu après sa deuxième incursion dans le local, il est mort dans l'ambulance qui devait le transporter à l'hôpital, gravement intoxiqué par les gaz inhalés. «J'ai tout essayé pour le réanimer mais sans résultat», a raconté le médecin Lucian Horhota. «Plus tard, j'ai compris que son état s'expliquait par le fait qu'il était retourné dans le club, de manière héroïque, pour sauver une jeune fille», a-t-il ajouté. «Il était comme ça, Claudiu, toujours prêt à aider des gens», dit Marius.

«Leçon de vie et d'amour»

Trente-deux personnes sont mortes dans l'incendie, selon un nouveau bilan rendu public mardi, et près de 200 autres ont été blessées. Les deux guitaristes du groupe local de hard rock Goodbye to Gravity, qui donnait un concert le soir du drame, figurent parmi les morts. Les trois autres membres du groupe ont été grièvement blessés. Dans le public, entre 300 et 500 personnes, il y avait plusieurs jeunes musiciens, venus encourager leurs amis qui lançaient leur dernier album.

Adrian Rugina, 38 ans, était le batteur d'un groupe de metal folk, Bucium. Quelques heures avant le drame, il avait invité ses amis à se rendre à la discothèque Colectiv pour un concert «à ne pas rater». Comme Claudiu, il a été épargné par les flammes, mais est mort après être retourné plusieurs fois dans le club pour transporter des blessés à l'extérieur. «Il est l'un des héros de Colectiv», a déclaré Sore Mihalache, une jeune artiste roumaine, au quotidien Ring. «Ces deux jeunes hommes sont retournés deux fois dans le club en flammes pour leurs proches. Je ne sais pas si je l'aurais fait une seule fois», confie un prêtre orthodoxe, Ioan Florin, sur son blog. «Claudiu et Adrian nous ont donné une leçon de vie et d'amour (...), je m'incline devant leur sacrifice», ajoute-t-il.

Musique «sataniste»

Cette prise de position intervient alors que des voix au sein de l’Église orthodoxe ont diabolisé les jeunes morts dans l'incendie, accusés d'avoir écouté de la musique «sataniste» lors d'un concert organisé la veille de Halloween. De telles accusations ont attisé les critiques contre les hiérarques de l’Église et notamment contre le patriarche Daniel, resté très discret depuis le drame qui a suscité un émoi sans précédent en Roumanie. Alors que la polémique enflait, Mgr Daniel a assisté mardi à une messe en mémoire à Claudiu Petre.

Adrian Rugina et Claudiu Petre ont été décorés lundi par le président Klaus Iohannis pour «leur courage et leur altruisme, pour avoir sauvé des vies au prix du sacrifice suprême». «Leur temps n'est pas fini car les héros ne meurent jamais», a-t-il dit.

(L'essentiel/AFP)

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