Ces Luxembourgeois «contraints» de quitter leur pays

C'est un volet moins connu de la crise du logement au Luxembourg. Des résidents aux revenus confortables qui décident de quitter le pays, après avoir revendu à prix d'or leur bien immobilier. Justine et Romain* sont un exemple révélateur. Responsables de service dans la finance, le couple a investi dans un bien à Strassen pour environ 700 000 euros au milieu des années 2010. En 2023, la valeur de leur appartement dépassait le million d'euros.

Une plus-value certaine qui les a incités à vendre… et les a contraints dans le même temps à quitter le Luxembourg. Désireux d'investir dans une maison plus spacieuse, ils ont trouvé leur bonheur dans une commune proche de Thionville. Pour d'autres, aux moyens plus limités, le départ vers les communes frontalières – France, Belgique ou Allemagne – est devenu la seule issue pour obtenir un logement confortable.

Les chiffres sont édifiants. Sur l'ensemble du territoire, les prix du logement ont plus que doublé (+120%) entre 2012 et 2022, voire presque triplé dans certains quartiers de la capitale (+180% à Hollerich), poussant également les Luxembourgeois à lorgner de l'autre côté de la frontière.

Un sujet qui a interpelé le député socialiste Mars Di Bartolomeo. Dans une première question parlementaire, l'élu a sollicité le ministre du Logement Henri Kox pour quantifier le phénomène et lister les avantages et désavantages. Mais la réponse de ce dernier, renvoyant simplement aux données du Statec, ne s'est pas révélée assez précise pour l'ex-ministre de la Santé.

Malgré «des recherches intensives», M. Di Bartolomeo dit n'avoir rien trouvé de probant et a donc renouvelé sa demande. «M. le ministre estime-t-il que le phénomène mériterait une analyse sur base de statistiques réellement existantes?».

Pas certain que la réponse transmise ce mercredi lui fournisse beaucoup plus d'éléments. Henri Kox y évoque «des raisons multiples et diverses» tout en approuvant la nécessité d'une analyse «plus approfondie». La suite de la réponse s'avère pour le moins étonnante, puisqu'elle se compose d'une trentaine de questions posées par le ministre lui-même.

Pêle-mêle, Henri Kox rouvre les débats autour de la construction, du logement abordable, des aides, de l'impôt, de la gentrification, du vivre-ensemble, de la mixité sociale ou encore de la transition énergétique, soit autant de sujets qui démontrent la complexité du défi du logement au Luxembourg.

*Les prénoms ont été modifiés