PénurieCes médecins qui vont (beaucoup) manquer au Luxembourg
LUXEMBOURG – En plus de manquer de généralistes, le Luxembourg va voir ses effectifs de médecins spécialistes fondre dans le futur alors même que le pays demeure attractif en comparaison avec ses voisins.
- par
- Thomas Holzer

Le Luxembourg risque de manquer de neurologues.
Problème majeur en France et Belgique voisines, la pénurie de médecins n'épargne pas non plus le Luxembourg. Sous perfusion frontalière depuis de nombreuses années, le Grand-Duché s'inquiète de cet enjeu, alors que sa population va considérablement vieillir dans les années à venir.
Et ce ne sont pas les chiffres dévoilés par Paulette Lenert dans une réponse parlementaire au CSV, mardi, qui rassureront les plus soucieux. Si le déficit de médecins généralistes a déjà été détaillé dans plusieurs études, les derniers chiffres compilés par la ministre de la Santé s'attardent en particulier sur les médecins spécialistes.
Le «papy-boom» des médecins du pays
S'appuyant sur «l'État des lieux des Professions Médicales et des Professions de santé au Luxembourg» paru en 2019, la ministre LSAP dénombre au moins deux-tiers de départs entre 2019 et 2035 dans une vingtaine de spécialités. Dans certaines comme la neurologie ou l'ORL, le taux de départ à la retraite attendu flirte même avec les 90%!
Des chiffres qui peuvent sembler alarmants au premier abord, mais qu'il s'agit de relativiser. Le calcul s'est fait par rapport à une mesure à l'instant T des effectifs en 2017, et de jeunes spécialistes fraîchement diplômés arrivent et continueront à arriver au fur et à mesure des années.
Rappelons également que le Luxembourg demeure très attractif pour des médecins frontaliers, qui hésitent de moins en moins à passer la frontière pour s'établir au Grand-Duché, ce qui entraîne une concurrence entre les territoires de la Grande Région. Trouver un rendez-vous dermatologique en Moselle relève du parcours du combattant, quand cela demeure difficile mais possible au Luxembourg.
Des indemnités en hausse pour susciter des vocations
Reste que le gouvernement va devoir trouver des solutions pour que le Grand-Duché ne se retrouve pas dans une situation comparable à certains déserts médicaux belges et français. Cela passe notamment par une «augmentation des indemnités» allouées aux médecins en voie de spécialisation, diverses prises en charge accordées aux internes en médecine ou encore une simplification de la collaboration entre le médecin et l'hôpital, indique la ministre de la Santé.
Et puis le Luxembourg ne fera pas l'économie d'une refonte de son système de formation, historiquement délégué aux universités étrangères. La mise en place en 2020 d'un bachelor en médecine à l'Uni a constitué une première étape. Depuis la dernière rentrée, la formation offre pour la première fois trois années pleines. Mais les étudiants doivent ensuite poursuivre leurs parcours dans des universités françaises, belges et allemandes, avec lesquelles l'Uni dispose de partenariats.