Au LuxembourgCes soignants qui refusent le vaccin contre le Covid
LUXEMBOURG - Stratégie de lutte du pays contre le Covid, le vaccin est sur toutes les lèvres. Des soignants du Luxembourg lui disent non et assument leur choix.

Une soignante a vécu plusieurs jours de souffrance.
Être vacciné ou ne pas l'être? Telle est la question la plus débattue dans les cliniques et hôpitaux du pays, où le vaccin est largement recommandé depuis son arrivée, le 28 décembre, et se trouve au cœur de la stratégie nationale face au Covid. Pourtant, trois soignants ont décidé de témoigner anonymement pour L'essentiel, expliquant que la vaccination en vient à épuiser mentalement certains infirmiers. Âgée de la vingtaine, Sonia* travaille en réanimation et lorsqu'elle discute avec ses collègues, c'est le même refrain. «Tous les jours on me demande: "Alors, tu t'es fait vacciner?" Et si je dis non, on veut toujours comprendre pourquoi. Si un jour je me fais vacciner, ce sera par incitation et non de mon plein gré», assume clairement la jeune soignante.
Le scepticisme des soignants est palpable. «La maladie fait moins peur que le vaccin en lui-même. Le virus, on sait comment le gérer, on connaît les symptômes, mais la piqûre...», insinue Claire, infirmière à domicile, qui pense attendre plusieurs mois avant de tester le vaccin. Pour elle et les deux autres infirmiers, la course contre la montre au vaccin ne signifie pas forcément qu'il est efficace. «On n'a pas assez de recul», glisse la trentenaire, qui a pris la décision de ne pas se faire vacciner.
«C'est comme si on m'écrasait le dos»
Julie* connaît par contre les effets de l'injection, et pas les meilleurs... La soignante de 30 ans a fait partie des premiers à recevoir une première dose le 29 décembre. La frontalière n'était pas pour la vaccination, mais avec les «arguments» de ses collègues et «pour protéger» ses parents, elle a sauté le pas.
Un geste qu'elle regrette presque aujourd'hui. Alors qu'au niveau international, officiellement, les effets négatifs des vaccins administrés semblent très rares, Julie évoque elle plusieurs jours de «souffrance», dix jours après l'injection. Elle liste même différents effets secondaires: «Courbatures, fatigue, frissons, maux de tête, montée de température». À tel point qu'elle s'est mise quatre jours en arrêt maladie. Ces effets secondaires ont finalement disparu mais les douleurs persistent: «C'est une douleur très forte, comme si on m'écrasait le dos». Le 19 janvier, elle a reçu la deuxième dose et là encore, quelques effets indésirables: fatigue, fièvre et un manque de force le lendemain».
«J'ai envie de laisser mon corps réagir de lui-même»
Dans le «flou» comme le reste de la population, de nombreux soignants se posent encore des questions: «Est-ce qu'on est parti pour devoir refaire le vaccin l'an prochain, est-ce qu'on est immunisé contre tous les variants?», se demande Julie. Malgré leurs doutes récurrents, ces trois soignants recommandent tout de même la vaccination aux personnes âgées. «J'ai traité de nombreuses personnes âgées, pour elles c'est bien sûr conseillé mais moi, je suis jeune et en bonne santé. J'ai envie de laisser mon corps réagir de lui-même», précise Sonia, alors que pourtant l'intérêt du vaccin est aussi de... protéger les autres.
Plus de 8 000 doses du vaccin ont été administrées au Luxembourg, au 26 janvier. Le pays devrait recevoir 86 400 doses de vaccins Pfizer/BioNtech et Moderna d’ici le 29 mars 2021, de quoi injecter deux doses à 43 200 personnes.
* Les prénoms ont été modifiés
(Marine Meunier/L'essentiel)