ArtChefs-d'oeuvre oubliés dans des greniers
Il n'est pas rare que des créations majeures apparaissent dans des endroits insolites.

La découverte de 271 croquis et esquisses inédits de Picasso, en novembre, a mis le monde - et les héritiers du maître espagnol - en émoi. Comment ces trésors, qui ne sont répertoriés dans aucun catalogue de l'artiste, ont-ils pu rester cachés si longtemps? L'enquête en cours cherche à vérifier les déclarations de l'électricien français Pierre Le Guennec. Lequel affirme avoir reçu les œuvres en cadeau de Mme Picasso.
L'affaire devrait trouver son issue juridique début 2011. L'anecdote en rappelle d'autres. Des livres, des tableaux, des films et des partitions ont été découverts (ou redécouverts) dans les endroits les plus saugrenus. Depuis la découverte des manuscrits de la mer Morte entre 1947 et 1956 dans des grottes de Transjordanie, il n'est pas rare que des documents importants ressurgissent dans des lieux insolites comme des poubelles, des caves ou encore de petits marchés aux puces.
Et chacune de ces annonces fait fantasmer le public amateur. Forcément, quand l'antiquaire Jules Pétroz déclare avoir trouvé un authentique Manet au marché aux puces, tout le monde rêve d'en faire de même au détour de la brocante de son quartier!
Tableaux de maître jetés aux ordures
En 2003, Elizabeth Gibson, une habitante de New York, trouve une toile entre des sacs-poubelles prêts à être collectés. Même si elle n'y connaît rien à l'art contemporain, elle ramène le tableau chez elle. Grâce à une émission de télévision diffusée en 2005, elle découvre que sa «croûte» est en fait une œuvre majeure du peintre mexicain Rufino Tamayo, intitulée «Trois personnages» et volée en 1987. Après avoir restitué le précieux bien à Sotheby's, Elizabeth Gibson a reçu 11 200 euros et touché un pourcentage (non divulgué) sur la vente du tableau. Celle-ci s'est faite pour un million de dollars en novembre 2007. Cette histoire n'est pas sans rappeler l'eau-forte trouvée par un portier de Christie's dans une poubelle sise sur King Street, la rue des galeristes à Londres. Il s'agissait en fait d'une gravure de 1934 signée... Picasso.
Enfouies à la cave
Cette petite toile a été oubliée dans la cave d'un musée d'Emilie-Romagne (Italie) pendant de nombreux siècles. Elle a récemment été attribuée à Raphaël, un des maîtres de la Renaissance. Ce portrait de femme, de 30x40 cm, était considéré comme une copie réalisée au XIXe siècle.
Et il est désormais estimé à 29 millions d'euros. C'est dans une autre cave, en Suisse cette fois, que la partition de la «Symphonie n° 2» de Sergueï Rachmaninov a été retrouvée en 2004.
Conservateurs tête en l'air
Même les bibliothèques, où chaque pièce est répertoriée, égarent des textes précieux. Ainsi, une documentaliste a retrouvé en juillet 2005 à Philadelphie (États-Unis) la partition de travail de Jean-Sébastien Bach alors qu'il composait la «Grande Fugue». C'est en dépoussiérant une vieille étagère de la bibliothèque qu'elle a retrouvé ce document perdu pendant 115 ans. Autre (re)découverte qui a fait couler beaucoup d'encre, un fragment du codex de Léonard de Vinci, sorti de l'oubli en novembre dernier à Nantes. Ce manuscrit, en rapport avec une étude sur le vol des oiseaux, date de 1504, époque où l'artiste peignait la fameuse «Joconde».
La pièce avait été oubliée par des conservateurs tête en l'air et seule la ténacité d'un journaliste local avait permis de remettre la main dessus. Sa particularité? Être écrite de droite à gauche et en vieil italien. De quoi exciter la curiosité de certains fans du livre «Da Vinci Code» signé, lui, par le fameux Dan Brown.