Circlesquare vs Telefon Tel Aviv, le mariage de deux amertumes

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Circlesquare vs Telefon Tel Aviv, le mariage de deux amertumes

LUXEMBOURG - À l'Exit07, vendredi, le public avait le choix de la noyade électronique entre une eau trouble et une eau glacée.

Avec sa chemise bien repassée et sa coupe de fils de bonne famille, Jeremy Shaw a l'air d'un comptable passé du côté sombre de la force. Ça tombe bien, le set du Vancouverois a la candeur d'un bilan d'entreprise par les temps qui courent. Circlesquare, c'est poisseux aux entournures. Et quand on y réfléchit bien, c'est moite au milieu.

Dans la gangue, il y a des éclats qui brillent. Quelques bleeps claudiquants, un chouia de batterie, guitare et le chant, tissent une toile cotonneuse où l'on évolue au ralenti.
On se sent comme en pleine descente après une nuit déraisonnable. Les échos de l'after collés sous le crâne, l'angoisse au ventre. Quand, au petit matin, le cœur balance entre la joie et la peur panique.

Sur la pochette de leur album, il y a écrit «Best heard from the floor». Et oui, là maintenant tout de suite, on a envie de se rouler en boule au pied d'une plante en pot. C'est donc avec gratitude que l'on laisse la grande vague glacée de Telefon Tel Aviv nous laver de nos péchés. Car Telefon Tel Aviv comme son nom ne l'indique pas, c'est de l'électro élégante teintée de new wave au tempo lent tout gonflé d'écho et reverb. Où la voix de Joshua Eustis n'est qu'une nappe supplémentaire qui vient se mêler à celles du synthé.

À ses côtés, aux manettes, Fredo Nogueira a remplacé Charles Wesley Cooper, décédé en janvier. Les cris du public à chaque regard presque imperceptible de Joshua à son encontre tranchent avec la mélancolie du set.
Sur la fin, le guitariste de Circlesquare traverse la salle sans son pantalon pour rejoindre le stand de tee-shirts. Ils sont beaucoup plus rigolos hors scène.

Séverine Goffin

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