Joe Biden: Comment un président né en 1942 peut-il comprendre la jeunesse américaine?

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Joe BidenComment un président né en 1942 peut-il comprendre la jeunesse américaine?

Les démocrates et la majorité de la presse américaine ont longtemps hésité à aborder le sujet, mais le tabou sur l’âge de Joe Biden, 79 ans, est en voie de tomber jusque dans son camp.

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Alors que le président américain, le plus vieux jamais élu, s’envole mardi pour une éreintante tournée diplomatique au Moyen-Orient, le débat monte, en particulier sur sa volonté affichée de se représenter en 2024. «Il est en mesure d’être président aujourd’hui. Mais il est trop vieux pour la prochaine élection», assénait le 16 juin The Atlantic – tout en fustigeant les républicains qui crient à la sénilité au moindre bafouillement.

Joe Biden fêtera ses 80 ans, le 20 novembre. Il en aurait 82 au début d’un éventuel second mandat et 86 à la fin. Son âge «est devenu un sujet gênant pour lui et pour le parti», mais aussi pour ses équipes, écrivait le New York Times samedi, décrivant une Maison-Blanche devenue extrêmement protectrice, voire anxieuse. Un sondage publié lundi par le quotidien a enfoncé le clou: 64% des électeurs démocrates y confient préférer un nouveau candidat pour la présidentielle 2024, en donnant comme première raison… l’âge du président (33%) avant même son bilan (32%).

«Vigoureux»

Comme ses prédécesseurs, Joe Biden a des responsabilités exténuantes, entre la guerre en Ukraine, l’inflation galopante, les décisions d’une Cour suprême farouchement conservatrice, les tueries par armes à feu… Bien des Américains même plus jeunes lui envient certainement son bilan médical de novembre dernier: un homme «vigoureux» avec des problèmes bénins de reflux gastrique et d’arthrite. Mais il y a l’apparence, qui trahit le lourd tribut payé à la fonction. Les cheveux blancs sont plus rares, la démarche précautionneuse. Joe Biden se perd parfois dans ses phrases ou bute sur son téléprompteur. Le bégaiement qu’il a vaincu enfant ressurgit.

Plusieurs fois, la Maison-Blanche a dû rétropédaler après ses sorties intempestives sur des sujets diplomatiques sensibles. Le président donne moins de conférences de presse et d’interviews que ses prédécesseurs. Il affectionne désormais les tribunes publiées dans les journaux, dont le contenu est totalement contrôlé.

Le week-end, il disparaît dans l’une de ses deux maisons du Delaware. Souvent, pendant deux ou trois jours, les correspondants à la Maison-Blanche ne le voient qu’une fois, de loin, quand il se rend à la messe. Lors du dernier sommet du G7, au moment d’une photo de famille se voulant décontractée, il était impossible d’ignorer l’écart entre Joe Biden, doyen de la réunion, et Justin Trudeau (50 ans) ou Emmanuel Macron (44 ans).

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Rétropédalage

Dans le New York Times samedi, son entourage le défend avec vigueur. Dans l’avion, «il veut passer quatre heures à planifier des sujets de politique intérieure, quand les plus jeunes n’ont qu’une envie, dormir», rapporte Mike Donilon, un haut conseiller. Le président, après une chute à vélo le 18 juin, bénigne mais très commentée, a mis un point d’honneur à remonter en selle, dimanche dernier, et à venir blaguer sur sa mésaventure avec les journalistes.

Joe Biden est loin d’être une exception. Beaucoup de figures de la vie politique américaine ont plus de 70 ans, à commencer par l’ancien président Donald Trump, 76 ans aujourd’hui. Potentiel candidat en 2024, le républicain sait que le débat est miné et a tenté de le désamorcer sur son réseau social, «Truth»: «Beaucoup de gens de plus de 80 et même de 90 ans sont aussi bons et intelligents qu’avant. Biden ne l’est pas mais cela n’a pas grand-chose à voir avec son âge. En réalité, la vie commence à 80 ans!».

Au-delà de la résistance physique, l’enjeu est politique: comment un président né pendant la Seconde Guerre mondiale peut-il rester en phase avec la jeunesse américaine?

(AFP)

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