Danger pour la santé«Rien de mieux que de se sentir maigre», le retour de la tendance inquiète
Accusée de faire l’apologie de la minceur extrême, Kim Kardashian n’est qu’une adepte parmi tant d’autres de la silhouette «heroin chic». Tendance dans les années 2000, cette esthétique dangereuse cartonne sur TikTok.

Kim Kardashian est accusée de glamouriser l’extrême minceur.
«On a compris, tu es devenue maigre»; «Tu as l’air famélique»; «Glamouriser la maigreur est irresponsable, tu as une responsabilité envers ta communauté». Kim Kardashian a essuyé de violentes critiques de la part d’abonnés après avoir posté un selfie le 17 août dernier. L’Américaine devenue célèbre grâce à son popotin, qu’elle aurait fait réduire il y a peu, est accusée d’avoir une mauvaise influence sur les personnes qui la suivent en faisant la promotion de la maigreur.
Des accusations réitérées le 26 août après la publication de photos de la femme d’affaires flottant dans son jean.
Kim Kardashian n’est pas la seule à valoriser la maigreur sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, les vidéos mentionnant le hashtag #skinny (maigre) cumulent près de 5 milliards de vues. La plateforme chinoise a néanmoins rendu le contenu de ces vidéos inaccessible. Elle a aussi banni d’autres hashtags jugés dangereux, comme celui de #thininspo (inspiration minceur).
Des interdictions qui n’ont pas empêché les utilisateurs et utilisatrices de trouver des parades pour continuer à publier du contenu. Parmi elles, la mise en avant de leur menu quotidien, par exemple.
Troubles du comportement alimentaire
Nulle intention ici de bodyshamer ni de stigmatiser les personnes maigres, mais d’alerter sur le risque encouru de développer des troubles du comportement alimentaires. Sur TikTok de nombreuses vidéos problématiques circulent. La séquence ci-dessous, publiée le 16 août par un compte privé, liste une série de réprimandes avec, en fond, des femmes ultra-sveltes.
«Ne te regarde pas dans le miroir en pleurant si tu ne fais rien pour que cela change»; «Tu n’es pas un chien, la nourriture n’est pas une récompense»; «Tu préfères avoir faim pendant 10 minutes ou être maigre pour toujours?»
L’influence des années 2000
À l’image du pantacourt, la taille 0 (taille 32 en Suisse) s’inscrit dans le regain d’intérêt pour les tendances des années 2000. À l’époque, point d’Ashley Graham, de Lizzo ou de Jill Kortleve, les célébrités, que ce soit dans la mode, sur les écrans ou dans la musique, se devaient d’être maigres. On assiste aujourd’hui au retour de l’esthétique «heroin chic», apparue dans les années 1990 et promue par le milieu de la mode, qui glorifie une minceur extrême obtenue grâce à des régimes alimentaires restrictifs ou des médicaments (voir encadré à la fin de l’article).
Incarnation de ce mouvement, Kate Moss est célèbre pour avoir affirmé «nothing taste better than skinny feels» (rien n’a de meilleur goût que la sensation d’être maigre) dans une interview accordée au Women’s Wear Daily, en 2009. Un mantra problématique dont la Britannique s’est aujourd’hui distanciée.
Body positive aux oubliettes?
Tout le travail d’inclusion de divers types de morphologies et des rondeurs fait par le mouvement body positive ces dernières années n’aurait-il finalement servi à rien? Jean-Victor Blanc, psychiatre interrogé par «Grazia», n’en est pas certain.
«Le fait que pendant ces dernières années nous étions sur une tendance de body positivisme a permis de diminuer la pression sur le schéma des standards corporels et sur les problèmes de santé liés aux troubles alimentaires, explique-t-il. Mais aujourd’hui, rien ne pourra nous dire, à part le temps, si ce retour du style heroin chic dans la pop culture tient plutôt d’une microtendance ou d’un vrai phénomène de société.»