En Afrique du SudDans la peau d'un requin blanc en pleine chasse
Des scientifiques ont placé des caméras sur l'aileron de squales en quête d'otaries. Il en ressort plus de 28 heures d'images captivantes.

Des caméras, fixées sur l'aileron de grands requins blancs, ont permis de découvrir que ces prédateurs poursuivent leurs proies dans des forêts d'algues géantes. Or, celles-ci étaient supposées jusqu'alors les tenir à distance. Sur des images étonnantes qui laissent entrevoir un museau gris se déplaçant sans effort entre les tiges suspendues de végétaux sous-marins au large des côtes sud-africaines, le squale aperçoit soudain une otarie à fourrure: la chasse est ouverte.
«Le requin a largement augmenté son activité, quand il a vu une otarie et tous les requins ont augmenté leur activité, lorsqu'ils étaient dans le varech», a expliqué Oliver Jewel, de l'université australienne Murdoch, auteur principal de l'étude publiée mercredi dans Biology Letters. Les grands blancs peuvent mesurer jusqu'à 6 mètres et peser 2,5 tonnes. Ils se regroupent le long des côtes sud-africaines en hiver pour chasser les otaries à fourrure installées sur les rochers.
Aucune hésitation
De précédentes recherches avaient montré que ces animaux chassent en pleine mer à l'aube ou au crépuscule, nageant au fond de l'eau sous leurs proies dont ils repèrent la silhouette à la surface. S'approchant par-dessous de sa victime inconsciente de sa présence, le grand requin blanc «charge et saisit l'otarie à la surface au moment où il saute hors de l'eau», indique Oliver Jewel.
Mais près de l'île Dyer où le chercheur et ses collègues ont travaillé en 2014, ce type d'attaque s'est révélé moins courant. En moyenne, les squales passent 20% de leur temps dans ces forêts proches d'une colonie de 50 000 à 60 000 otaries à fourrure.
Quel comportement en pleine mer?
Les plus de 28 heures de vidéo n'ont pas enregistré de capture, mais elles ont montré un requin se rapprochant d'un groupe d'otaries s'enfuyant entre les algues pour échapper aux dents du squale. Et les grands blancs n'ont montré aucune hésitation ni réduction de leur mobilité dans cette jungle sous-marine.
«Nous ne faisons qu'effleurer la question avec cette étude», a commenté Salvador Jorgensen, chercheur à l'aquarium californien de Monterey Bay. Il espère que des caméras pourront être utilisées pour mieux connaître le comportement en pleine mer de ces animaux classés «vulnérables» sur la liste rouge de l'union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
(L'essentiel/ats)