Au Liban – De la couture d'habits à celle des sacs mortuaires

Publié

Au LibanDe la couture d'habits à celle des sacs mortuaires

Le Covid a totalement changé le travail des couturières dans plusieurs ateliers libanais. Habituées à coudre des habits de fête, elles passent désormais aux sacs mortuaires.

A woman sews a body bag for Covid-19 victims at al-Oum institution sewing factory in Saida south of Beirut on February 16, 2021. - The factory which used to produce uniforms for workers, students and employees has tranformed its production to COVID-19 materials since the outbreak of the coronavirus in Lebanon. (Photo by JOSEPH EID / AFP)

A woman sews a body bag for Covid-19 victims at al-Oum institution sewing factory in Saida south of Beirut on February 16, 2021. - The factory which used to produce uniforms for workers, students and employees has tranformed its production to COVID-19 materials since the outbreak of the coronavirus in Lebanon. (Photo by JOSEPH EID / AFP)

AFP/Joseph eid

Dans un atelier du Liban, Oum Omar se souvient de l'époque pas si lointaine où ses couturières confectionnaient uniformes scolaires et habits de fêtes. Aujourd'hui, penchées sur leur machine, elles fabriquent des sacs mortuaires pour les victimes du coronavirus. Depuis le début de la pandémie, le petit pays de six millions d'habitants a recensé plus de 343 000 cas de Covid-19, dont 4 092 décès. Des records ont encore été battus en début d'année, avec des décès quotidiens frôlant parfois la centaine.

«Avant, nous cousions des vêtements de fêtes, des tenues pour pèlerins ou des uniformes d'écoliers. On apportait de la joie aux cœurs», regrette Oum Omar, 53 ans dont 27 à travailler dans cet atelier de couture à Saïda, ville du sud.

Besoin du marché

«Maintenant nous sommes obligées de faire ce travail», confie celle qui supervise l'atelier. «Nous sommes passées de la joie à la tristesse» Autour d'elle, sous la lumière blafarde des néons, des couturières au visage protégé par un masque sanitaire s'activent à assembler des sacs mortuaires noirs sous l'aiguille de leurs machines à coudre. Elles en font une vingtaine par jour. Leur produit fini ressemble aux housses de protection pour vêtements. Mais il sert à transporter le corps des personnes ayant succombé au coronavirus.

Avec le bourdonnement saccadé des machines à coudre en fond sonore, un jeune homme s'aide d'un mètre jaune en bois pour tracer à la craie des mesures sur le tissus noir rêche étalé sur une table. Sur certaines machines inutilisées, des bobines de couleur -bleu, vert, gris - sont toujours en place.

Impact psychologique

«Ça nous coûte psychologiquement de faire ce travail» mais il faut répondre «au besoin actuel du marché», poursuit Oum Omar. La hausse des «décès a entraîné une hausse de la demande».

L'arrivée de la pandémie il y a un an, au Liban, a chamboulé l'activité de plusieurs ateliers. Des couturières se sont également mises à confectionner des uniformes pour le personnel médical ou pour des patients hospitalisés, mais aussi des masques de protection en tissu.

(L'essentiel/afp)

Ton opinion