Au Luxembourg«De plus en plus de femmes exigent des césariennes»
LUXEMBOURG – Alors que l’OMS vient de taper sur les doigts des pays d’Amérique latine qui pratiquent trop de césariennes, le Luxembourg fait plutôt figure de mauvais élève.

Près d'un bébé sur trois naît par césarienne au Luxembourg.
L'Amérique latine fait figure de championne dans un monde touché, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), par une «épidémie» de césariennes. Dans la région, 38,9% des naissances donnent lieu à une césarienne, selon l'OMS, bien au-dessus des 10 à 15% recommandés. La moyenne européenne tourne autour de 24%. Et au Luxembourg? Alors qu'en 2004, seules 25,3% des naissances se faisaient par césarienne au Luxembourg, aujourd'hui près d'un bébé sur trois naît sur la table d'opération (31%). À noter que plus de la moitié des césariennes sont programmées (55,8%). Un taux qui explique sans doute la chute du nombre de césariennes le week-end: il passe de 33,9% le vendredi… à 17,5% le samedi.
Selon les statistiques, seules 2,6% des césariennes sont faites par convenance. Mais c'est en réalité beaucoup plus. «De plus en plus de femmes exigent des césariennes, elles viennent et nous disent que, par confort, elles n’ont pas envie d’accoucher par voie naturelle», indique Robert Lemmer, président de la Société luxembourgeoise de gynécologie et d’obstétrique (SLGO). «Le Luxembourg offre un service de qualité, alors pourquoi se priver de ce luxe?», indique le praticien, qui souligne que le taux de mortalité des mamans est très faible. Selon les derniers chiffres de la Direction de la santé, en 2010/2011, une seule femme est décédée.
Une «double sécurité»
Quelles sont les principales causes de césarienne? Près d'un quart ont été décidées parce que la maman avait déjà subi une césarienne dans le passé. Après une première césarienne, seulement un tiers des mamans accouchent par voie basse. Ce taux chute même à 3% après plusieurs césariennes. Viennent ensuite la dystocie fœto-pelvienne, c’est-à-dire quand le bassin de la mère est trop étroit (14%), quand l’enfant se présente par le siège (13%) ou est en souffrance fœtale (12,5%).
«Je préfère faire dix césariennes de trop plutôt qu’il y ait un problème». Et de présenter la césarienne comme une «double sécurité à la fois pour l’enfant et pour le personnel de santé» contre lequel certains seraient prêts à se retourner en cas de problème à la naissance. Partout dans le monde, la gynécologie est en effet la spécialité la plus sujette à poursuites. Et de conclure que malgré les recommandations de l’OMS, les chiffres du Luxembourg ne vont pas baisser et vont sans doute même augmenter. «Ils augmenteraient même beaucoup plus vite si les praticiens ne freinaient pas un certain nombre de mamans en leur rappelant que la césarienne reste un acte chirurgical».
(Marion Chevrier/L'essentiel)