De vieilles baskets chinoises font le bonheur des bobos
Oubliées en Chine, d'anciennes marques de chaussures chinoises, dont les heures de gloire remontent à Mao, connaissent une seconde naissance dans les milieux branchés européens.
Les Feiyue, nées dans les années 1920-1930 mais vraiment devenues populaires dans la Chine maoïste des années 1950, ont ainsi conquis les «bobos» du vieux continent avec un nouveau design, dont une version signée par la marque de luxe Céline.
Feiyue, combinaison des caractères chinois «voler» et «bondir», n'était pas au départ une marque établie mais un modèle, produit par plusieurs fabricants, de chaussure de toile de sport, avec deux rayures rouge et bleue. Elles ne font plus recette en Chine où les jeunes générations sont davantage entichées des produits des grands équipementiers sportifs étrangers. «Jamais je n'en achèterai, je préfère celles des basketteurs, comme les Nike ou les Adidas», affirme Wang Lei, un Shanghaien de 25 ans, qui se souvient des Feiyue comme des chaussures portées par ses grands-parents. «Les jeunes la voient comme une chaussure faite pour le kung fu ou le football car elle n'est pas chère et tient longtemps, mais certainement pas comme un accessoire à la mode », note M. Xu, qui vend d'anciennes Feiyue sur Internet.
Super tendance
Ce ne fut pas l'avis de son redécouvreur, le Français Patrice Bastian, installé à Shanghai en 2004, où il travaille dans l'événementiel. Amateur de ces chaussures «vintage», il est un jour confronté à la pénurie: «Je n'en trouvai plus, je me suis donc mis en quête d'un fournisseur, que j'ai identifié, mais pour apprendre qu'il arrêtait la production», raconte l'entrepreneur. L'idée germe alors, avec trois amis, de redonner vie à la marque, en redessinant la petite chaussure de gymnastique pour l'adapter au marché mondial.
Avec un bureau à Paris et un autre à Shanghai, Patrice Bastian décline aujourd'hui l'ancienne chaussure de toile en version montante, en cuir, pour enfants. Aujourd'hui, les Feiyue sont proposées dans plus de 350 points de vente, essentiellement en Europe. L'engouement pour les anciennes chaussures de la Chine communiste ne s'arrête pas aux Feiyue. Grâce à un étudiant en design de Finlande, d'origine chinoise, il vaut aussi une seconde jeunesse aux Warriors, très prisées dans les années 1970.
Pour les amateurs chinois, un seul recours: les modèles classiques seulement, sur internet ou au gré des étals, pour quelques dizaines de yuans (quelques euros), contre 90 euros pour les nouvelles paires achetées en Europe.
lessentiel.lu avec AFP