AzerbaïdjanDes «candidats pantins» face au président sortant
L'élection présidentielle est boycottée par l'opposition, qui ne se fait aucune illusion face au pouvoir en place depuis plus de quinze ans.

Le Ilham Aliev a tout fait pour éviter les surprises électorales.
Les Azerbaïdjanais votent mercredi dans une élection présidentielle boycottée par l'opposition qui devrait conforter le pouvoir autocratique de l'homme fort du pays depuis plus de quinze ans, Ilham Aliev. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h locales (5h au Luxembourg). La réélection de celui qui avait succédé à son père en 2003 ne fait guère de doute, Ilham Aliev tenant d'une main de fer ce pays du Caucase riche en hydrocarbures.
Les principaux partis d'opposition ont refusé de participer au scrutin, estimant que les conditions pour la tenue d'une élection démocratique ne sont pas réunies et accusant les autorités de vouloir truquer le vote. Ils ont aussi dénoncé la décision surprise -et inexpliquée- d'Ilham Aliev d'avancer l'élection présidentielle de six mois, une manœuvre vue comme un moyen de raccourcir la campagne électorale et d'empêcher l'opposition de prendre des mesures contre les trucages.
Le parti au pouvoir, Yeni Azerbaïdjan, a rejeté ces critiques et assuré que le vote sera juste et équitable. Mais si sept candidats seront opposés à Ilham Aliev, 56 ans, aucun n'est réellement connu des électeurs azerbaïdjanais et n'a mené de campagne électorale, certains appelant même à voter pour le président en exercice.
Pour les dirigeants de l'opposition, ces «candidats pantins» ont été choisis par les autorités pour donner une illusion de concurrence à une élection jouée d'avance.
Autorité sans précédent
En course pour un quatrième mandat, Ilham Aliev a été élu pour la première fois en 2003 dans cette ex-république soviétique. Il succédait à son père Heydar, un ancien officier du KGB local qui dirigeait la province soviétique puis le pays depuis 1969 et a conservé le pouvoir jusqu'à sa mort.
Ilham Aliev a été réélu en 2008 et 2013, à chaque fois avec des scores écrasants dans des scrutins dénoncés comme frauduleux par l'opposition.
En 2009, le chef de l'État a fait approuver par référendum un changement de constitution l'autorisant à effectuer un nombre illimité de mandats, une réforme dénoncée par les militants de défense des droits de l'Homme et par ses opposants qui estiment que cela l'autorise à devenir de fait un président à vie.
Un nouveau changement constitutionnel, en 2016, a étendu le mandat présidentiel de cinq à sept ans. Le Conseil de l'Europe avait lourdement critiqué ces réformes provoquant «un grave bouleversement de l'équilibre des pouvoirs» et donnant au président une autorité «sans précédent».
Ilham Aliev a aussi placé les membres de sa famille aux plus hautes marches du pouvoir. Sa femme Mehriban Aliev a ainsi été nommée première vice-présidente de l'Azerbaïdjan en février 2017 tandis que son fils, Heydar, est souvent nommé comme son possible successeur.
Critiqué par l'opposition et les défenseurs des droits de l'Homme, Ilham Aliev est loué par ses supporters pour avoir, grâce à la manne des hydrocarbures, transformé et modernisé l'Azerbaïdjan, devenu un important fournisseur de gaz à l'Europe. La famille Aliev en aurait profité pour mettre la main sur des pans entiers de l'économie du pays, des accusations qu'Ilham Aliev a toujours nié, comme celle l'accusant de dérives autoritaires.
(L'essentiel/afp)