Banques en Espagne – Des intérêts «abusifs» devront être remboursés

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Banques en EspagneDes intérêts «abusifs» devront être remboursés

Les banques espagnoles devraient rembourser 4 milliards d'euros à des clients victimes de clauses abusives sur des emprunts immobiliers.

La Cour de justice de l'Union européenne reconnaît aux emprunteurs le «droit d'obtenir la restitution des sommes qu'ils ont indûment versées aux établissements bancaires», y compris avant 2013.

La Cour de justice de l'Union européenne reconnaît aux emprunteurs le «droit d'obtenir la restitution des sommes qu'ils ont indûment versées aux établissements bancaires», y compris avant 2013.

AFP

Le Tribunal suprême espagnol avait annulé en mai 2013 les «clauses plancher» sur les prêts à taux d'intérêt variables, qui permettaient aux banques de ne pas réduire leur taux en deçà d'un certain seuil, même si les taux du marché baissaient. Mais il ne les avait pas obligées à rembourser les intérêts perçus avant sa décision. Cette fois, la Cour de justice de l'Union européenne reconnaît aux emprunteurs le «droit d'obtenir la restitution des sommes qu'ils ont indûment versées aux établissements bancaires», y compris avant 2013.

La décision de la Cour basée à Luxembourg ne concerne pas en principe les affaires déjà jugées mais seulement les affaires en cours de jugement ou futures, précise Erick Berguer, avocat spécialiste du droit des hypothèques joint par l'AFP. La décision porte néanmoins un coup aux banques qui ont longtemps pratiqué ces clauses: elle coûterait, selon une estimation de la Banque d'Espagne, plus de 4 milliards d'euros aux banques concernées, dans un pays où plus de 90% des prêts immobiliers étaient en 2015 à taux variable.

Bulle immobilière

Preuve de ces craintes, des banques ont vu leur titre en Bourse chuter. Banco Popular perdait 6,71% à 12h34 (11h34 GMT), Banco de Sabadell 3,17% et CaixaBank 3,10% dans un marché en baisse de 0,94%. Les banques espagnoles ont contribué dans les années 2000 à la formation d'une bulle immobilière, accordant énormément de crédits dans une économie tirée par l'activité frénétique du secteur de la construction. Au plus fort de cette bulle, en 2007, 1,78 million d'emprunts immobiliers avaient été contractés pour une valeur totale de près de 300 milliards d'euros, selon l'Institut national de la statistique (INE). En 2015, ce chiffre était tombé à 372 000 emprunts pour un montant de 49 milliards.

L'éclatement de cette bulle spéculative, début 2008, a plongé l'Espagne dans une grave crise économique, portant le chômage jusqu'à plus de 25% en 2012. De nombreuses familles qui s'étaient endettées dans les années fastes, incapables de payer leurs mensualités, ont été expulsées de chez elles. «C'est sans doute une bonne nouvelle pour les personnes affectées par ces clauses, mais moins pour ceux qui pensaient contracter un emprunt à court terme», a de son côté réagi le site d'annonces immobilières Idealista, craignant que les banques n'augmentent leurs intérêts pour faire face financièrement à cette décision.

(L'essentiel/AFP)

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