Mer méditerranéeDes sauveteurs de migrants pris à partie
Des «identitaires» récoltent des fonds pour saboter les missions d'ONG, qu'ils accusent d'encourager les traversées clandestines. Ils s'en prennent aux sauveteurs.
Les sauveteurs interviennent quotidiennement en Méditerranée.
Coup de bluff ou début de bataille navale? Des groupes d'extrême droite européens ont lancé avec succès une récolte de fonds. Leur projet: saboter les missions humanitaires d'aide aux migrants en Méditerranée. En trois semaines, le projet a attiré plus de 60 000 euros, notamment destinés à l'achat de matériel audiovisuel qui servira à filmer leurs exploits.
Ces «défenseurs de l'Europe» sont déjà passés à l'action. Un groupe s'est vanté d'avoir «perturbé une opération» de SOS Méditerranée au large de la Sicile, le mois dernier. Les garde-côtes ont dû s'interposer. L'initiative intervient alors que la polémique fait rage en Italie sur le travail de certaines ONG, accusées par des magistrats et des politiciens de «faire le jeu des passeurs».
Un responsable d'ONG interrogé par The Guardian s'est dit préoccupé mais pas surpris par ces menaces: «Quand les gouvernements parlent "d'invasions" de migrants ou perpétuent le mythe que les opérations de secours produisent un appel d'air, cela alimente ce genre de réponse extrême. La réalité, c'est que sans ces sauvetages, bien plus de gens se noieraient. Mais il y aurait toujours autant de gens pour tenter la traversée». L'Organisation internationale pour les migrations, qui dépend de l'ONU, a dénombré 1 620 migrants morts en tentant de gagner l'Europe cette année. Parmi eux se trouvaient 150 enfants.
(L'essentiel/arg)