Détective privé, «personne ne sait ce qu'on fait exactement»

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Au LuxembourgDétective privé, «personne ne sait ce qu'on fait exactement»

LUXEMBOURG – Loïc Simonet est directeur de l'agence SRI, une société de détectives privés au Luxembourg. Un métier où la discrétion devient un art de vivre. Rencontre.

Marine Meunier
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Marine Meunier

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Blazer et chemise, pantalon droit, Jorge a tout d'un employé de bureau lambda. Pourtant, il est détective privé au Luxembourg depuis quatre ans. Une profession à la discrétion inébranlable, qui n'est pas sans rappeler de nombreuses fictions, de Sherlock Holmes à Magnum. A quelques exceptions près. Il y a bien des filatures, des planques et l'attente devant les domiciles des «cibles», comme ils les appellent. «Les gens pensent que ça tire dans tous les sens, qu'on fait des roulades, que les voitures explosent… Mais non, ce n'est pas du tout ça», plaisante Loïc Simonet, fondateur de l'agence au Luxembourg.

Loïc Simonet, ancien membre des forces spéciales françaises, a fondé son agence il y a 4 ans. Depuis, cette dernière opère partout au Luxembourg mais aussi aux frontières. Le quotidien des détectives privés est assez éloigné de celui des employés de bureau habituel. Les filatures et les planques sont aux détectives ce que sont les coups de fils et réunions aux employés de bureau. Leurs missions: «Voir sans se faire voir et entendre sans se faire entendre. On travaille dans l'ombre complète», détaille celui qui est aux manettes de l'agence.

Gadgets et déguisements

Certaines missions sont en lien avec des cas d'adultère, mais pas seulement. «On nous appelle beaucoup pour de la surveillance de personnel, en cas de vol. Également pour des cas de concurrence déloyale afin de jouer au client mystère. Mais beaucoup de missions concernent les arrêts de maladie abusifs». Pour exercer leurs fonctions, les agents ont accès à différents gadgets: micros, appareils photo, mais aussi des «déguisements»… «On doit casser l'apparence» pour passer inaperçus, précise Loïc. Jorge possède par exemple plusieurs casquettes dans sa voiture, «je les change de temps à autre», dit-il.

Malgré l'adrénaline que procure la profession, être détective est loin d'être simple. En plus de ne pas avoir droit à l'erreur, l'agent se retrouve confronté au stress et aux sacrifices. «On peut parfois travailler la nuit puis le matin, ensuite l'après-midi», explique Loïc Simonet. Et la vie de famille en prend un coup. Autre difficulté, l'agent n'a pas le droit de partager ce qu'il fait au boulot avec ses proches. «Ils savent qu'on travaille dans l'investigation privée mais dans notre entourage, personne ne sait ce qu'on fait exactement comme mission. Ce qu'il se passe à l'agence doit rester à l'agence».

Impossible pour autant de savoir si le salaire à la fin du mois peut compenser un peu les incommodités de la tâche. Loïc Simonet préfère rester flou sur la somme gagnée: «Quelle est la définition de bien gagner sa vie? Tout est relatif. La vraie richesse pour nous, c'est de voir la petite larme de bonheur quand on répond aux attentes de notre client». S'il n'est pas indispensable d'avoir de diplôme pour devenir détective privé au Luxembourg, il faut toutefois «avoir de l'expérience dans le domaine», précise Loïc Simonet, «on ne devient pas détective privé du jour au lendemain».

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