Au LuxembourgDoit-on empêcher les motards de slalomer entre les voitures?
LUXEMBOURG – Les motards ont ce privilège de ne pas devoir rester bloqués dans un embouteillage, parfois au détriment de leur sécurité. Un audit a été commandé mais le sujet fait débat.
- par
- Nicolas Chauty

Tout usager de la route a déjà vécu cette scène. Une moto qui se fraye un chemin entre les autres véhicules coincés dans un embouteillage. Avec toujours la crainte d'un changement de file et d'une collision. Pour lutter contre cette pratique évidemment périlleuse, l'Automobile Club du Luxembourg a engagé des discussions avec le ministère des Transports, pour instaurer officiellement une file dédiée aux motards, dans certaines situations. «Nous avons fait bouger le sujet», estime l'ACL, même si ces échanges sont désormais… au point mort.
«Un audit a été commandé, les résultats serviront de base à la position du ministère», glisse une source à L'essentiel. Difficile de connaître, donc, l'avis officiel du gouvernement sur la question, même si le fait de temporiser est déjà un élément de réponse. «La remontée des files n'est pas encadrée, plaide l'ACL. Et on ne parle pas uniquement du gain de temps, une file dédiée serait aussi un gage de sécurité. Et sur le plan mécanique aussi, pour éviter la surchauffe».
«Vous n'avez pas besoin de respecter ce que les autres doivent respecter»
Interrogé, le président de la Sécurité routière, Paul Hammelmann, glisse ne pas être associé aux discussions, et il n'est de toute façon pas favorable au projet. «La base, c'est de respecter le code de la route, pour tous. Pourquoi faire une exception pour les motards? Ce serait leur dire ''Vous n'avez pas besoin de respecter ce que les autres doivent respecter''». L'ACL parle de «20 000 motos en circulation», un véhicule «de nouveau vu comme un moyen de mobilité» à part entière.
«Je comprends que ce soit facile pour eux de se faufiler, je comprends même la démarche, mais où veulent-ils faire cette voie spéciale? Sur la voie de secours? Non, encore une fois, il ne doit pas y avoir d'exception», relance Paul Hammelmann, plutôt partisan d'un échange avec les associations de motards et les autorités pour des campagnes ciblées sur la sécurité des équipements et des deux-roues. L'audit commandé par le ministère permettra de faire avancer le sujet, ou pas. En attendant, statu quo dans les embouteillages.
