Projet de loiDroit du sol ou droit du sang? L'Italie s'interroge
Un projet de loi veut que le droit du sol soit appliqué en Italie. Un sujet qui fâche, au vu notamment de l'afflux de migrants sans précédent que connait le pays.

Silvio Berlusconi estime que le droit du sol est un «mauvais signal» alors que le pays est confronté à un afflux massif de migrants.
Faut-il accorder la nationalité italienne à un enfant né sur le territoire, de parents étrangers? Un projet de loi visant à appliquer le droit du sol fait l'objet d'âpres débats en Italie alors le pays fait face à un afflux de migrants sans précédent. Un sondage publié jeudi révèle que 53,1% des Italiens se disent opposés au «ius soli» (droit du sol) contre 32,3% qui sont pour. Pourtant, ils étaient 41% à y être favorables (39% contre) dans un sondage équivalent réalisé en octobre.
Débattue en Italie depuis une quinzaine d'années, la réforme du code de la nationalité vise à modifier la loi actuellement en vigueur basée sur le droit du sang («ius sanguinis»), la nationalité italienne étant transmise par au moins l'un des deux parents. Après avoir été adopté par les députés, un texte défendu par la gauche (au pouvoir) qui prévoit l'adoption d'un droit du sol est à présent au Sénat, où il suscite des débats houleux, émaillées d'insultes voire d'échauffourées, comme l'Italie en a le secret.
Berlusconi contre
Le ius soli proposé, dit «tempéré», serait toutefois soumis à conditions, comme la nécessité qu'un des parents soit présent sur le territoire depuis au moins cinq ans ou que l'enfant accomplisse un cycle scolaire complet en Italie. Vent debout contre cette loi, la droite avec à sa tête la Ligue du Nord (anti-immigration), considère qu'elle est «une erreur culturelle» et que les jeunes étrangers nés en Italie doivent décider à leur majorité s'ils veulent ou non être italiens.
Opposé lui aussi au texte, l'ancien président du Conseil, Silvio Berlusconi (Forza Italia), estime qu'il est un «mauvais signal» alors que le pays est confronté à un afflux massif de migrants. «Faire savoir qu'à partir d'aujourd'hui il est plus facile de devenir italien va susciter des illusions et de faux espoirs en Afrique et rendra plus forte la pression migratoire», assure-t-il.
«Les enfants nés en Italie sont italiens»
L'Italie, qui se dit insuffisamment soutenue par l'Europe sur ce dossier, a accueilli plus d'un demi-million d'entre eux venus par la mer depuis 2014, dont 180 000, un nombre record, l'an passé. Selon l'institut italien de la statistique (ISTAT), l'adoption du droit du sol donnerait aujourd'hui la nationalité italienne à quelque 800 000 enfants nés dans la péninsule et à 60 000 petits immigrés chaque année.
«Les enfants nés en Italie sont italiens et il est du devoir d'un pays civilisé de les accueillir», ne cesse de marteler le chef du gouvernement de centre-gauche, Paolo Gentiloni. À la méfiance d'une partie de la population face au ius soli, il répond que la nationalité donne des droits mais impose aussi des devoirs. «A ceux qui agitent le spectre des menaces à notre sécurité, je dis que le seul moyen pour contenir ces menaces et en réduire les risques n'est pas l'exclusion, mais le dialogue et l'inclusion», a-t-il déclaré au quotidien La Repubblica.
(L'essentiel/AFP)