Au LuxembourgElisabeth met un grain de folie dans ses moutardes
BASTENDORF – Comment une infirmière en soins palliatifs s’est-elle lancée dans la fabrication artisanale de moutarde bio avec son mari agriculteur?
- par
- Jean-François Colin

Infirmière, Elisabeth s'est lancée dans la moutarde.
L’histoire débute en 2019. «Déçue par le goût d’une moutarde achetée dans un magasin bio, je suis rentrée chez moi avec l’idée de fabriquer ma propre moutarde». Elisabeth Miller, infirmière volante en soins palliatifs, et son mari, agriculteur, ont alors fait des recherches sur Internet et visité des producteurs de moutarde, notamment dans le Sud-Tyrol. Et, «comme on est un peu fous, mon mari et moi, nous avons tout mis en œuvre pour en faire nous-mêmes», ajoute Elisabeth.
Ainsi, de fil en aiguille, après moult et moult tâtonnements, essais et erreurs – «certaines moutardes étaient vraiment dégueulasses», dit Elisabeth; «qu’est-ce que je n’ai pas dû jeter comme moutarde sur le tas de fumier!», renchérit son mari – le premier pot est vendu en mai 2021 à la ferme Miller, à Bastendorf. «Mon mari a transformé l’ancienne salle à traire en authentique moutarderie».
«Que du naturel»
Aujourd’hui, Elisabeth produit trois variétés de moutardes bios différentes (légère, aux fines herbes et forte), trois recettes distinctes basées sur trois variétés de grains: jaunes, bruns et noirs. «Pour une question de climat, seuls les jaunes proviennent du Luxembourg», dit-elle. «Pour le reste, les ingrédients sont le sel liquide, l’eau et le vinaigre ou le verjus. Rien que du naturel, pas question d’ajouter de la farine de moutarde déshuilée, ni surtout du sucre, édulcorant ou un colorant quelconque».

La moutarde d'Elisabeth se décline en trois variétés.
Durant le processus de fabrication, et notamment les trois passages sous la meule, Elisabeth est obligée de porter un… masque à gaz pour protéger ses yeux, ses narines et sa bouche des émanations âcres et brûlantes. «La moutarde est d’abord stockée durant huit semaines dans des pots en plastique de 30 kilos, avant d’être vendue en pots de verre de 220 grammes, à consommer dans l’année».
Une affaire de famille
Soucieuse de conserver sa spécificité, Elisabeth ne produit que «quelques tonnes par an». Et pas question d’être présent dans la grande distribution. «Nous écoulons nos produits dans notre petit magasin, à la ferme elle-même, ainsi que dans des épiceries bios qui proposent notamment des corbeilles de divers produits locaux. Nous sommes aussi présents dans deux restaurants, et au Lycée Ermesinde à Mersch, qui propose nos moutardes à la cantine aux élèves».
Œuvrant en famille, avec leurs deux enfants, les Miller qui élèvent aussi 4 000 poules pondeuses, dont les œufs bios sont commercialisés, et des vaches limousines, en plus de cultiver le blé, l’épeautre et l’orge, entendent «s’implanter calmement au Luxembourg, afin que petit à petit les consommateurs connaissent nos produits. Nous sommes le seul producteur de moutarde bio au pays. Pas question de devenir un numéro!».
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