Guerre en UkraineElle aurait reconnu cette main parmi des milliers
Irina a été tuée à Boutcha, et sa prof de maquillage l’a identifiée sur un cliché. La jeune femme lui a rendu hommage sur Instagram, apprenant sans le vouloir la triste nouvelle à la fille de la victime.

La manucure particulière d’Irina était facilement reconnaissable.
Parmi le flot d’images insoutenables provenant ces derniers jours de Boutcha, une photo a été particulièrement relayée. Le cliché montre une main soigneusement manucurée, immobile dans les gravats de la ville meurtrie. Les doigts de la victime sont recouverts de vernis rouge, sauf l’annulaire, sur lequel on peut distinguer un cœur. En tombant sur cette photo, Anastasia a tout de suite pensé qu’elle connaissait la victime. «Cette manucure me disait vraiment quelque chose, mais je n’arrivais pas à me rappeler quoi», explique la maquilleuse à BFM TV.
La jeune femme s’est alors souvenue d’Irina, une femme de 45 ans à qui elle donnait des cours de maquillage. En remontant le fil de leur discussion sur Telegram, Anastasia a retrouvé un cliché pris lors de leur dernière leçon, la veille du début de la guerre. «Elle avait les mêmes ongles», confie Anastasia. Pour saluer la mémoire d’Irina, la maquilleuse a publié les deux images sur son compte Instagram. «Avec sa soif de vivre, sa force, son énergie et sa gentillesse, Irina m’a tout de suite conquise», témoigne la jeune femme sur ce post publié mardi.

Sur cette photo, prise le 23 février, Irina avait les mêmes ongles.
Anastasia se souvient avec émotion de sa dernière conversation avec sa cliente: «J’ai enfin compris que la chose la plus importante, c’est que tu dois t’aimer et vivre pour toi-même! Enfin, je vais vivre comme je veux! Alors vis maintenant comme ton âme le désire, pas pour ton mari, mais pour toi-même!» lui avait conseillé Irina. C’est en lisant cet hommage qu’Olga a découvert que sa mère était morte. «Je pensais la retrouver dans un hôpital. Je l’ai reconnue, morte, sur cette photo», confie la jeune femme de 26 ans.
L’Ukrainienne était restée plusieurs semaines sans nouvelles de sa mère, qu’elle pensait cachée dans une cave. «Puis j’ai appris qu’on lui avait tiré dessus, qu’elle avait reçu une rafale de balles», témoigne-t-elle. Olga espère pouvoir récupérer le corps d’Irina, mais cela risque de prendre du temps. «Aujourd’hui, j’ai 26 ans, et j’ai l’impression que je suis morte avec elle», conclut-elle.