Scandale en ItalieElle justifie les féminicides à l'antenne
La présentatrice Barbara Palombelli est sous le feu des critiques pour avoir laissé entendre que certaines femmes tuées par leur conjoint y étaient peut-être pour quelque chose.

Une célèbre journaliste de télévision italienne s’est attiré une volée de critiques vendredi, après ses déclarations sur la responsabilité partagée des auteurs et des victimes de féminicide.
En Italie, une femme est tuée en moyenne tous les trois jours et une série de meurtres récents dans lesquels le principal suspect est le partenaire ou un ex-compagnon de la victime, a fait les gros titres.
«Un comportement exaspérant et agressif»
«Au cours des sept derniers jours, sept femmes ont été tuées apparemment par sept hommes», a déclaré la présentatrice Barbara Palombelli pendant l’émission «Forum», diffusée jeudi sur la chaîne privée Rete 4, propriété du groupe Mediaset.
«Parfois, il est également juste de se demander si ces hommes ont complètement perdu la tête, s’ils étaient complètement confus, ou s’il y avait également un comportement exaspérant et agressif de l’autre côté», a-t-elle affirmé. Des commentaires qui ont suscité l’indignation sur les réseaux sociaux et ailleurs.
«La violence contre les femmes n’est jamais justifiée»
«Lorsque les médias affirment qu’un féminicide peut être la conséquence du comportement de la victime, on fait porter la responsabilité sur la victime, ce qui est précisément l’une des causes des féminicides et de l’absence de sanctions et de lois adéquates», a écrit Amnesty Italie sur Twitter.
«La violence contre les femmes n’est jamais justifiée», a ajouté la ministre pour l’Égalité des chances et la Famille, Elena Bonetti, estimant qu’il s’agit d’un «fléau odieux et inacceptable, encore trop présent dans notre pays».
Depuis janvier, 83 femmes ont été tuées en Italie, selon le ministère de l’Intérieur, dont plus de la moitié par leur actuel ou ancien mari ou petit ami.
Près de 100 féminicides en dix mois
Ce problème, dans ce pays d’environ 60 millions d’habitants, n’est pas nouveau. L’institut de recherche Eures indique que 91 femmes ont été assassinées au cours des dix premiers mois de 2020, et 99 au cours de la même période en 2019. Dans de nombreux cas, leur mort était l’aboutissement de nombreux épisodes d’abus.
Au cours des cinq années précédant l’année 2019, 538 000 femmes ont été victimes d’abus physiques ou sexuels de la part de leur partenaire, selon l’Istat, l’institut national de la statistique italien. Mais selon les experts, ces chiffres pourraient être sous-estimés car de nombreuses femmes hésitent à dénoncer les agressions, en partie par crainte de quitter leur foyer et leurs enfants.
(L'essentiel/AFP)