L'offensive du Luxembourg qui fait mal au transport messin

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EmploiL'offensive du Luxembourg qui fait mal au transport messin

LUXEMBOURG/METZ – La ville de Metz n'avait pas assez de chauffeurs pour la rentrée scolaire. La faute à une série de départs vers le Luxembourg. Une concurrence qui fait grincer des dents de l'autre côté de la frontière…

Thomas Holzer
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Thomas Holzer
À Metz, le réseau le Met' manque de chauffeurs.

À Metz, le réseau le Met' manque de chauffeurs.

Des synergies, mais également une concurrence féroce. Si la Grande région vise à développer des actions communes pour la promotion de ses territoires, la réalité économique nous rappelle régulièrement l'attractivité du Luxembourg, pas toujours gagnante pour ses voisins.

Au cours de l'été, la ville de Metz a ainsi connu une véritable hémorragie de chauffeurs sur son réseau le Met' avec le départ d'une quinzaine de professionnels, dont une dizaine vers le Luxembourg, «où les salaires sont 50% supérieurs», note Augustin de Hillerin, directeur général des Transports de l'agglomération de Metz Métropole (Tamm). À titre d'illustration, un conducteur débutant perçoit environ 3 500 euros brut au Luxembourg, selon le barème des salaires de l'ITM (Inspection du Travail et des Mines).

«Impossible de s'aligner sur les salaires»

Augustin de Hillerin, directeur des transports messins

Certains sont partis chez Voyages Vandivinit, d'autres chez Luxtram, mais c'est tout le secteur au Luxembourg «qui a besoin de renforcer son offre avec le développement des transports et la gratuité. Nos zones frontalières sont un vivier naturel et notre réseau une cible», déplore le directeur, sans pouvoir affirmer que les Tamm ont été visés par une campagne de recrutement agressive. «Ce que je remarque, c'est que les offres sont sur le site de Pôle emploi, et qu'il est impossible pour nous de nous aligner sur les salaires luxembourgeois».

La Grande région, un vivier pour le Luxembourg

Parmi les entreprises luxembourgeoises en recherche, les CFL se sont signalés par une campagne de recrutement importante, toujours en cours. 15 conducteurs d'autobus ont ainsi été embauchés cette année et 400 candidatures ont été reçues, soit le double que le nombre enregistré en 2022, détaille la société nationale à L'essentiel. Pour la compagnie ferroviaire luxembourgeoise, «le périmètre d'action porte sur la Grande région» et des formations en langues sont proposées pour rendre opérationnels les chauffeurs frontaliers.

Dans ce contexte, difficile de lutter pour les localités de l'autre côté de la frontière, y compris pour les grandes villes comme Metz. «Améliorer les conditions de travail fait partie des sujets. Certains sont d'ailleurs revenus du Luxembourg, où c'est parfois plus raide», estime Augustin de Hillerin, qui n'est pas certain que l'avantage français en la matière perdure sur le long terme.

Nouveaux départs en vue

«Le même phénomène apparaît dans d'autres secteurs. Il faut que les États se parlent sur le thème des métiers en tension». En attendant des décisions politiques, le réseau messin «n'a pas pu remplir ses obligations» en matière de transport à l'occasion de la rentrée scolaire, par manque de chauffeurs.

Et la situation pourrait ne pas s'arranger dans les mois à venir. D'ici Noël, les Tamm s'attendent en effet à de nouveaux départs… de l'autre côté de la frontière, au Luxembourg.

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