Jeux de hasard – «En sortant, je n'avais plus un rond en poche»

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Jeux de hasard«En sortant, je n'avais plus un rond en poche»

ESCH-SUR-ALZETTE - Dans de nombreux
cafés, on peut s'attarder sur des jeux de hasard et gagner… ou perdre de l'argent. Enquête.

Cinquante euros en poche, voilà mon budget. Je choisis l'un des nombreux cafés d'Esch-sur-Alzette où je sais où se trouvent des automates de jeux de hasard. Commençons par dix euros sur les 50, pour rester raisonnable. La machine est en fait un ordinateur relié à Internet avec un système d'insertion de billets en euros. Les jeux qui apparaissent l'un à côté de l'autre sont le Black Jack, le poker, mais aussi différents types de bandits manchots. Tous sont disponibles en anglais ou en portugais. «Il existe des serveurs suisses, français, portugais et même luxembourgeois», m'assure un habitué.

Mon premier choix tombe sur un jeu de bandit manchot. Les bandes tournent et tournent, je gagne un peu, je perds, je descends à deux euros. J'introduis à nouveau cinq euros mais, n'ayant pas de chance, je décide de changer de jeux. Black Jack. J'ai un peu plus de chance. Sur 15 euros investis cette fois, je monte à 20 euros. Je demande à la serveuse si je peux récupérer mon gain. «Un bon cadeau ou un chèque?», demande-t-elle. Je décide de prendre l'argent, mais lui demande ce que je peux faire avec ce fameux chèque cadeau. Il s'avère qu'il peut être utilisé dans d'autres cafés, pour jouer, pour boire. Une autre personne m'explique plus tard que je peux aussi payer dans certaines épiceries ou restaurants.

En trois heures, je perds mes 50 euros, alors que je joue prudemment, d'après mon ressenti en tout cas. Chaque fois que je gagne un peu, je me dis: «Allez, encore un peu et puis tu arrêtes!». Mauvaise décision, car le temps est passé à une vitesse éclair et je n'ai rien gagné du tout.

Un autre habitué m'explique qu'il a une fois perdu l'argent qu'il avait prévu pour s'acheter un vélo. «Je voulais simplement m'arrêter et jouer un peu. Mais en sortant, je n'avais plus un rond en poche», avoue-t-il et d'ajouter: «Certaines personnes viennent en début de mois et perdent toute leur paie en un jour! Mais on ne sait jamais quand la machine va lâcher son gain et on veut récupérer son argent», souligne-t-il.

Mais que rapporte un automate? Combien y en a-t-il? Qui les exploite?
Il existe deux entreprises, l'une est Jotal et l'autre le Café Lion d'Or, selon nos informations. Les automates sont disposés gratuitement dans les cafés. En échange, les cafetiers obtiennent entre 20 et 50% de l'argent encaissé par les machines. D'après une autre source, une machine rapporterait entre 5 000 et 15 000 euros par mois, selon le café dans lequel elle est disposée. «La meilleure chose que l'État pourrait faire, serait de légaliser les machines de jeux de chance, pour pouvoir encaisser les impôts et contrôler un minimum ce business», explique-t-on.

En attendant, ceux qui s'en mettent le plus dans les poches, ce sont les exploitants des machines qui ne payent pas d'impôts et en plus font un bénéfice énorme chaque semaine, sachant qu'une machine neuve, coûte environ 6 000 euros.

(Chloé Murat)

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