À CréteilEnquête ouverte sur des abus sexuels à l'école
L'Éducation nationale a-t-elle fait preuve d'un «silence coupable?» Après la mise en examen d'un instituteur pour abus sexuels, des parents d'élèves ont dénoncé lundi «l'inertie» des autorités.

Le ministre de l'Éducation, Luc Chatel, a été moins catégorique. Il a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête administrative pour vérifier si «les réponses appropriées à la gravité de la situation» ont été apportées aux parents d'élèves de l'école maternelle Chateaubriand, sur laquelle une chape de plomb s'est abattue ces derniers jours.
Interpellé le 19 mars, un enseignant de 48 ans est soupçonné de s'être livré à des attouchements sexuels sur au moins deux de ses très jeunes élèves dans cet établissement niché entre les barres d'immeubles. Mis en examen et libéré sous contrôle judiciaire, il a été immédiatement suspendu et remplacé. Deux autres fillettes pourraient avoir été victimes de ses agissements, a affirmé une source judiciaire. «C'est une petite structure ici. C'est un peu le tsunami qui arrive», a déclaré Judith, une représentante des parents d'élèves qui ne souhaite pas donner son patronyme, affirmant que la réaction des autorités éducatives avait été «un peu lente».
Un dysfonctionnement?
Au moment de porter plainte contre l'enseignant, deux parents d'élèves s'étaient tournés vers l'encadrement de l'école et du rectorat mais ils assurent avoir trouvé porte close. «Ni l'inspecteur d'académie ni la psychologue de l'école n'ont daigné prendre contact avec moi ou répondre à mes appels», résume Dominique, l'un des plaignants, qui accuse l'administration d'un manque total de «compassion» et qui dit avoir assigné le rectorat en justice. Avec la médiatisation de l'affaire, les choses se sont accélérées. Après de premières réunions collectives, une cellule de crise a été mise en place lundi dans l'école et les parents de victimes doivent être reçus dans l'après-midi par le recteur. «J'attends qu'ils prennent leurs responsabilités», a souligné Dominique.
Mise en cause, l'académie de Créteil a récusé lundi tout «dysfonctionnement». «L'Éducation nationale a joué son rôle en matière de protection des familles et des élèves», a déclaré lors d'une conférence de presse le recteur, William Marois, se disant «profondément affecté» par cette affaire. «Dès qu'a été révélée la suspicion d'attouchements à caractère sexuel sur des enfants (...), nous avons pris immédiatement, sans attendre des éléments d'enquête, la décision de remplacer l'enseignant (...) et de le suspendre», a-t-il ajouté.
Mea culpa
Interrogée sur la frustration exprimée par les parents de victimes, le recteur a esquissé un début de mea culpa. «Cette écoute, s'ils estiment ne pas l'avoir eue, je le regrette et ils l'auront aujourd'hui» lundi, a détaillé M. Marois, confirmant qu'il les recevrait dans l'après-midi. «Mieux vaut tard que jamais», a-t-il ensuite lâché, visiblement énervé.
Selon la procureur de Créteil, les besoins de l'enquête ont pu expliquer la discrétion des autorités éducatives. «L'encadrement de l'école a été tenu à l'écart de l'enquête pour préserver la sincérité et la fiabilité des déclarations des jeunes écolières», a expliqué Nathalie Bécache. Sur le fond du dossier, le recteur a assuré que le dossier de l'instituteur mis en cause, qui enseignait depuis quatre ans à Chateaubriand, ne «faisait apparaître aucune difficulté». «A priori, on n'a pas affaire à un grand prédateur», a assuré de son côté la procureur.
(L'essentiel Online/AFP)