Visite du ministre français: Et si les frontaliers étaient soignés en France aux tarifs luxembourgeois?

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Visite du ministre françaisEt si les frontaliers étaient soignés en France aux tarifs luxembourgeois?

LONGWY/LUXEMBOURG – Des idées ont été évoquées, jeudi, lors de la visite du ministre français de la Santé, François Braun, à la frontière luxembourgeoise, pour améliorer la situation de la santé entre les deux pays voisins.

par
Yannis Bouaraba

AFP

«Les sirènes du pays voisin». Le docteur Vauthier n’y va pas par quatre chemins. Voilà comment le gérant de la maison de santé pluridisciplinaire de Longwy qualifie le phénomène de fuite du personnel soignant français vers le Grand-Duché. Ce dernier, témoin privilégié des difficultés de recrutement du secteur dans la région de Longwy, a profité de la visite du ministre français de la Santé, François Braun, jeudi, pour avancer des pistes de réflexion.

«Des internes sont venus ici mais ont rapidement préféré s’installer au Luxembourg. Ils m’ont dit très clairement que vu ce qu’on propose au Grand-Duché, nous n'étions qu’un deuxième choix. C’est dommage de voir partir de jeunes médecins qu’on a aidés à former», déplore-t-il. Au cours d’une table ronde avec le ministre, ce dernier n’a pas hésité à formuler une proposition très concrète.

Des maisons de santé transfrontalières, où seraient pratiqués des honoraires équivalents à ce qui est pratiqué au Luxembourg. Les travailleurs frontaliers se soigneraient donc chez eux et les frais seraient couverts par la CNS. «Les citoyens qui dépendent de l’assurance maladie française n’auraient à régler que les sommes pratiquées en France, mais le praticien aurait un versement qui compléterait cette différence entre la cotation luxembourgeoise et la cotation française» précise-t-il.

Rencontre à venir avec Paulette Lenert

Une mesure qui s’appliquerait aux soins de proximité (généralistes, kinés, dentistes, gynécologues…) et qui, selon lui, renforcerait l’attractivité de la région et limiterait la pénurie de soignants. Une idée soumise et expliquée au ministre François Braun. «Toutes les propositions sont bonnes et il y a des propositions intéressantes. Ma méthode est d’aller sur le terrain à la rencontre des professionnels. Voir quels sont leurs problèmes, et voir quelles sont les solutions qu’ils ont pu trouver ou qu’ils proposent», a commenté ce dernier.

Celui qui était encore chef des urgences du CHR Metz-Thionville il y a quelques semaines connaît bien les problématiques de ce territoire et s’est montré à l’écoute. «Dans mon quartier, au sud de Metz, les deux tiers des habitants travaillent au Luxembourg», a-t-il encore expliqué.

«Ce que vit ici le Pays-haut, c’est la même chose avec Thionville et près de la frontière suisse. Il y a des rémunérations différentes, c’est là toute l’importance de travailler sur une Europe de la Santé. La crise nous a montré l’importance du travail transfrontalier. Il faut réfléchir à étendre ses principes», a-t-il ajouté. Ce dernier, en poste depuis quatre semaines, s’est dit disposé à rencontrer rapidement son homologue luxembourgeoise Paulette Lenert, possiblement à la rentrée.

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