Manuel Valls – Forbach «souffre d'un sentiment d'abandon»

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Manuel VallsForbach «souffre d'un sentiment d'abandon»

FORBACH - Le ministre français de l’Intérieur a annoncé mardi la création d'une nouvelle zone de sécurité prioritaire (ZSP) à Forbach, ville de Moselle convoitée par le FN.

Aux journalistes qui l'interrogeaient sur le but de son déplacement, il a précisé: «C'est une tournée pour la sécurité des Français...» (AFP)

Aux journalistes qui l'interrogeaient sur le but de son déplacement, il a précisé: «C'est une tournée pour la sécurité des Français...» (AFP)

«Certains territoires ont été délaissés et expriment et ressentent, et c'est le cas ici à Forbach, un sentiment d'abandon», a fait valoir M. Valls, dans un discours prononcé à la sous-préfecture de cette ville de 22 000 habitants de l'est de la Moselle. Se défendant d'être en campagne, il a récusé l'idée qu'il se serait lancé dans une série de déplacements en visant le FN. «Il n'y a aucune croisade de ma part, il n'y a aucune tournée», a-t-il insisté, jugeant que les Français attendaient de lui des «résultats». Le ministre en a profité pour vanter l'action du gouvernement en matière de sécurité. Dans les ZSP ciblant le trafic de stupéfiants et l'économie souterraine, «les forces de l'ordre ont arrêté 1 235 trafiquants» et ont saisi «1,17 tonne de cannabis, 34 kilos de cocaïne», et pour plus de 4,7 millions d'euros d'avoirs criminels, s'est-il félicité.

À Forbach, la nouvelle ZSP, qui concernera aussi la commune voisine de Behren-lès-Forbach, permettra de «faire un effort supplémentaire pour consolider les premiers résultats» obtenus, notamment en matière de lutte contre les cambriolages, selon le ministre. Symbole du passé minier de la Lorraine et de la crise économique, Forbach, où le taux de chômage autour de 14% est un des plus élevés de Lorraine, pourrait être l'un des points chauds des municipales de 2014. En parallèle à la visite du ministre, le n° 2 du FN, Florian Philippot, qui rêve de l'emporter l'an prochain face à Laurent Kalinowski, maire PS de Forbach depuis 2008, a profité du déplacement ministériel pour distribuer des tracts dans les rues de la ville. Entouré d'une quinzaine de journalistes et de sa garde rapprochée, dans les rues commerçantes du centre de Forbach, il a accusé le ministre de l'Intérieur de faire campagne contre lui.

«Une tournée anti-FN»

«C'est une tournée anti-FN, or, les habitants ne veulent pas que le ministre de l'Intérieur, sur des fonds publics, vienne faire une campagne électorale», a-t-il déclaré, en référence à la visite ministérielle. «Si je n'avais pas été candidat ici, M. Valls ne serait jamais venu à Forbach, c'est dire toute l'influence que nous avons alors même que nous ne sommes pas encore au pouvoir», a-t-il affirmé. Cet énarque originaire du Nord, autrefois chevènementiste, était parvenu à éliminer l'UMP au premier tour des législatives de 2012 avant d'être battu au second par Laurent Kalinowski. Marine Le Pen avait réuni 26% des voix à la présidentielle.

Selon lui, «le PS est en mode panique, alerte rouge», alors que le président François Hollande, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et la ministre de la Culture, Aurélie Filippettis, se sont succédé dans la région ces dernières semaines.

Critiquant les résultats des ZSP, Florian Philippot a qualifié le dispositif de «saupoudrage» et jugé que cela «stigmatise la ville». M. Kalinowski, le maire de la ville, a quant à lui estimé que la nouvelle ZSP était «un plus». «Mais ce n'est pas un rempart contre le FN», a-t-il souligné. «Nous n'agissons pas en fonction des invectives du populisme parachuté», a-t-il ajouté en référence à M. Philippot. Manuel Valls, présenté par certains comme l'arme anti-FN du gouvernement, ne cache pas son intention de concentrer ses efforts sur les territoires ruraux, le périurbain, là où les cambriolages en hausse alimentent un sentiment d'insécurité. Il doit notamment se rendre à Calais avant la fin du mois pour y évoquer la question des migrants. «L'extrême droite refuse l'étranger parce qu'il est étranger. C'est l'opposé même de mes valeurs. Je sais quel a été l'apport des étrangers pour notre pays (...) Mais je sais aussi que les flux migratoires doivent être régulés, organisés en prenant en compte la situation économique de la France», a dit le ministre dans un entretien publié mardi par le Républicain lorrain.

(L'essentiel Online/AFP)

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