Étude OCDEFrançais, Italiens et Espagnols très mal notés
Selon une étude internationale, un Japonais juste sorti du lycée, est nettement plus performant qu'un Français, un Espagnol ou un Italien diplômé... de l'université.

De nombreux Européens ne savent pas décrypter un texte. (DR)
Qu'il s'agisse de comprendre et de réagir de façon appropriée face à un texte écrit («littératie») ou de manier des chiffres («numératie»), Japonais et Finlandais arrivent en tête du classement des 24 pays étudiés par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). À l'inverse, l'Espagne, l'Italie et, dans une moindre mesure, la France, sont dans le bas du tableau. «Cette étude lance un appel à se réveiller, pour voir ce que les autres font et en tirer des leçons», a souligné le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. «Des mesures immédiates sont nécessaires au niveau européen pour améliorer nos compétences», a relevé, à ses côtés, la commissaire européenne à l'Éducation, la Chypriote Androulla Vassiliou.
Selon l'étude dans laquelle n’apparait pas le Luxembourg et pour laquelle OCDE et Commission ont coopéré, la proportion d'adultes de 16 à 65 ans de faible niveau de compétences (qui peut au mieux déchiffrer un texte simple) s'échelonne de 4,9% au Japon à 27,7% en Italie et 27,5% en Espagne (et 21,6% en France), la moyenne étant de 15,5% dans l'OCDE. Et alors qu'en Finlande et au Japon plus d'un adulte sur cinq est compétent ou très compétent (niveaux 4 ou 5 sur une échelle qui en compte 5), ils sont moins de 1 sur 20 en Espagne et en Italie. Au final, les Japonais de 25 à 34 ans qui n'ont achevé que l'enseignement secondaire sont nettement plus performants face à l'écrit que les diplômés universitaires du même âge en Espagne ou en Italie. En matière de chiffres, la proportion de personnes peu compétentes (qui peuvent au mieux résoudre une opération basique), varie également de 8,2% (Japon) à 31,7% (Italie), la moyenne étant de 19%. Là encore, Japonais et Finlandais mènent, tandis qu'Espagne et Italie ferment la marche.
Un impact sur l'emploi et les salaires
L'enquête s'est aussi penchée sur les compétences des adultes pour utiliser les nouvelles technologies de communication. Dans la quasi-totalité des pays, au moins 10% des adultes n'ont pas les compétences de base pour utiliser par exemple un ordinateur. Et peu atteignent le plus haut niveau de compétences, le maximum étant du côté des Suédois, avec 8,8% d'adultes très compétents, devant la Finlande et à nouveau le Japon.
Selon l'OCDE, l'ensemble de ces compétences ont une forte influence sur l'emploi et les rémunérations. Et ce alors que l'étude dégage une grande corrélation entre les qualifications parentales et celles des enfants, selon M. Gurria. «Dans trop de pays européens, l'avenir des enfants est prédéterminé par la situation des parents», s'est émue Mme Vassiliou, appelant l'UE à «repenser l'éducation». Les plus compétents en littératie ont des salaires supérieurs de plus de 60% à ceux des moins compétents. Les individus peu compétents ont aussi deux fois plus de risque d'être au chômage. En moyenne, 7% des adultes dont le niveau de compétences en littératie est faible (inférieur ou égal à 1) sont chômeurs, contre 4% de ceux qui se situent au niveau 4 ou 5.
Fossé entre générations
Les individus moins compétents ont aussi tendance à faire part d'«un moins bon état de santé, un plus faible engagement citoyen et une confiance plus limitée en autrui», relève l'OCDE. Dans certains pays, les écarts entre générations sont aussi très marqués. C'est le cas par exemple en Corée où les jeunes devancent largement leurs aînés, et atteignent le haut du tableau avec les Japonais et les Hollandais, alors que dans d'autres, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, le vivier de compétences ne se renouvelle pas. Ces derniers sont menacés de «perdre du terrain», a mis en garde M. Gurria.
L'OCDE souligne de fait l'impact sur l'économie des écarts de compétences, insistant sur l'importance de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. Le PIB est ainsi globalement plus élevé dans les pays avec la plus forte proportion d'adultes au plus haut niveau de compétences et une faible part de peu compétents. L'enquête, qui relève par ailleurs que «la variation des compétences entre les sexes est négligeable», a porté sur environ 166 000 adultes de 16 à 65 ans dans 22 membres de l'OCDE complétés par Chypre et la Russie.
(L'essentiel Online/AFP)