Élection présidentielleFrançois Hollande élu président à 51%
François Hollande est devenu le deuxième président de gauche de la Ve République en remportant dimanche l'élection face à Nicolas Sarkozy.

Trente-et-un ans après la victoire de François Mitterrand, le candidat socialiste, archi-favori du scrutin depuis des mois, obtient 51,59% des voix, selon des résultats du ministère de l'Intérieur à 23h30.
À 57 ans, celui que personne n'attendait, qui n'a jamais exercé de responsabilité ministérielle et était donné battu par Dominique Strauss-Kahn jusqu'au 14 mai 2011 au sein d'une primaire socialiste inédite, accède à l'Elysée. La passation de pouvoirs devrait avoir lieu aux alentours du 14 mai. Le nouveau président «a levé les bras au plafond» à l'annonce de sa victoire, selon le maire de Tulle Bernard Combes. «Les Français viennent de choisir le changement en me portant à la présidence de la République», a lancé M. Hollande devant environ 2 000 partisans réunis sur la place de la cathédrale de Tulle, son fief corrézien.
Justice et jeunesse
Après un «salut républicain» adressé à son adversaire battu, M. Hollande, la mine grave, a dit sa fierté d'avoir été «capable de redonner espoir». Celui qui veut être le «président de tous les Français» a demandé à «être jugé sur la justice et la jeunesse». «Est-ce que j'ai fait avancer la cause de l'égalité?» sera la question qu'il se posera à la fin de son mandat, a expliqué le président élu, pour qui la France «n'est pas n'importe quel pays de la planète».
«L'Europe nous regarde, l'austérité ne peut plus être une fatalité», a prévenu M. Hollande, avant de quitter Tulle pour Paris. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, avait peu avant assuré que l'Allemange et la France allaient travailler «ensemble à un pacte de croissance pour l'Europe», lors d'une courte visite à l'ambassade de France à Berlin après la victoire de M. Hollande. A Solférino, au siège du PS, les milliers de sympathisants présents, avant de se rendre à la Bastille, ont exulté en début de soirée.
Sarkozy a appelé son rival
À 20h, la clameur a également été immense place de la Bastille, là où la gauche avait célébré le succès de François Mitterrand, le 10 mai 1981, et où le nouveau président élu devait venir s'exprimer. Premier des deux finalistes à réagir, devant ses partisans réunis à La Mutualité à Paris, Nicolas Sarkozy, 57 ans, a indiqué avoir eu François Hollande «au téléphone». «Je veux lui souhaiter bonne chance au milieu des épreuves», a-t-il déclaré, manifestement ému, dans un discours à la tonalité très personnelle. «Merci! Merci!», ont en retour lancé les militants. «Je porte toute la responsabilité de cette défaite (...). Il me faut en tirer toutes les conséquences», a souligné le président sortant, confirmant implicitement son retrait de la vie politique: «Je resterai l'un des vôtres», «mais ma place ne pourra plus être la même (...), mon engagement sera désormais différent».
«Je ne serai plus jamais candidat aux mêmes fonctions», a-t-il aussi annoncé peu avant aux ténors UMP réunis à l'Elysée, selon un ministre. Plombé par une impopularité chronique et confronté à la crise économique depuis 2008, Nicolas Sarkozy, qui comptait notamment sur un excellent report des 6,4 millions d'électeurs de Marine Le Pen (FN), obtient environ 48,9%. Après ceux d'Irlande, du Portugal ou d'Espagne, il devient le dernier dirigeant en date désavoué par les électeurs dans un contexte de crise économique et de la dette en Europe. La participation s'établirait autour de 81%, selon les instituts de sondages, taux inférieur au second tour de la présidentielle de 2007 (83,9%) mais supérieur à celui du premier tour de 2012 (79,5%).
17 ans après Mitterrand
Dès les premiers résultats connus, le porte-parole du PS Benoît Hamon a salué la victoire de François Hollande, qui «met fin à 17 ans de règne de la droite à l'Elysée». L'ex-candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, a souhaité «le meilleur» à Hollande qui a «les moyens d'agir», selon lui. L'ex-candidat centriste François Bayrou, qui avait annoncé le 3 mai qu'il voterait pour M. Hollande, la surprise de fin de campagne, a appelé le président élu à «construire un esprit d'unité nationale». Ancienne journaliste politique, la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, s'est dit, sur son compte Twitter, «fière d'accompagner le nouveau président de la République et toujours aussi heureuse de partager la vie de François».
«Mon état d'esprit, c'est un peu de tristesse. Et puis un sentiment, peut-être, d'injustice», a en revanche commenté le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. Du côté de l'UMP, qui va entrer dans une zone de fortes turbulences avec cette défaite et la lutte annoncée entre Jean-François Copé et François Fillon, l'après-présidentielle semble avoir déjà commencé, malgré les appels à l'unité de Nicolas Sarkozy. «On ne pourra pas se contenter de demi-réponses. Il faudra une reconstruction en profondeur», a clamé le ministre Laurent Wauquiez.
«Personne ne doit remettre en cause la légitimité de Copé» à l'UMP, a mis en garde le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi. Patron du parti, et alors que la gauche dispose quasiment de l'ensemble des pouvoirs (exécutif, Parlement, régions, départements...), Jean-François Copé a appelé à la «mobilisation générale» dans l'optique des législatives de juin.
(L'essentiel Online/AFP)
En Lorraine
L'essentiel Online vous propose de découvrir les résultats, communes par communes, en Moselle et Meurthe-et-Moselle, sur notre carte interactive.
Revivez le live complet de la journée du second tour, sur L'essentiel Online.
Merkel appelle Hollande
La chancelière allemande Angela Merkel a appelé dimanche le président élu français François Hollande pour le féliciter de sa victoire à la présidentielle et l'inviter à venir à Berlin, a annoncé le directeur de campagne du socialiste, Pierre Moscovici. «Mme Merkel l'a appelé pour le féliciter de son élection, ils ont eu un premier échange et sont convenus de travailler ensemble à une relation franco-allemande qui soit forte, amicale et au service de l'Europe», a précisé M. Moscovici.
Le Luxembourg a voté Sarkozy
Au Luxembourg, 57,81% des inscrits se sont rendus au urnes. Sarkozy a obtenu 59,87% des voix contre 40,13% pour Hollande. 16 699 votants étaient inscrits sur les listes électorales.