Affaire BenallaGérard Collomb charge le préfet et l'Élysée
Auditionné à l'Assemblée nationale, dans le cadre de l'affaire Benalla, le ministre français de l'Intérieur a tenté de se dédouaner. Au risque de faire rire, parfois, les députés.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'est défendu lundi de toute faute personnelle dans la gestion de l'affaire Benalla, renvoyant la responsabilité d'éventuels manquements au préfet de police et au cabinet d'Emmanuel Macron, lors d'une audition cruciale à l'Assemblée nationale. Les vidéos montrant Alexandre Benalla, un proche collaborateur du chef de l'État, en train de frapper et malmener deux manifestants, le 1er mai, à Paris, alors qu'il accompagnait les forces de l'ordre en tant qu'«observateur» (mais avec brassard et casque de policier), ne cessent d'avoir des répercussions politiques.
Entendu à partir de 10h ce lundi matin par la commission des Lois de l'Assemblée dotée de prérogatives d'enquête, le ministre de l'Intérieur, appelé à la démission par des personnalités de droite comme de gauche, s'est défendu vigoureusement dans un propos liminaire, avant d'être soumis au feu nourri des questions des députés. Gérard Collomb a affirmé avoir été informé le lendemain des faits par son cabinet de l'existence de la vidéo sur laquelle on voit Alexandre Benalla frapper et malmener deux manifestants en présence d'un autre observateur, Vincent Crase, employé de La République en marche (LREM).
«Je pensais que les mesures avaient été prises»
Mais il a estimé que ce n'était pas à lui de saisir la justice de ces actes qu'il a de nouveau condamnés «avec la plus grande fermeté». «Ce n'est pas au ministre qu'il appartient de le faire. Je considère que c'est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d'un signalement au titre de l'article 40» du Code de procédure pénale, a-t-il déclaré. Le 2 mai, «je m'étais assuré que tant le cabinet du président de la République que le préfet de police avaient été destinataires de l'information. Je pensais, comme c'est la règle, que les mesures appropriées avaient été prises. C'était à eux de prendre les sanctions et éventuellement d'informer les autorités judiciaires», a souligné Gérard Collomb.
M. Collomb a aussi déclaré qu'il ignorait qu'Alexandre Benalla était conseiller à l'Élysée, et qu'il n'avait pas été prévenu de la présence, lors de la manifestation du 1er mai, de deux observateurs avec les policiers. Il a en outre admis avoir rencontré le président de la République, ce week-end, ajoutant qu'ils avaient parlé «le moins possible» de l'affaire, déclenchant les rires des députés.
(L'essentiel/afp)