Grève à venirPrimes conséquentes contre hausses de salaires «folles», bataille chez Cargolux
LUXEMBOURG – La direction et les syndicats de Cargolux ont exprimé, mercredi, leurs désaccords par rapport au renouvellement de la convention collective. Une grève inédite se profile ce jeudi.
- par
- Olivier Loyens

Des revendications «démesurées». Richard Forson, président et PDG de Cargolux, a pris la parole, mercredi matin, pour exposer son analyse de l'échec du renouvellement de la convention collective au sein de la compagnie aérienne cargo (environ 1 900 salariés au Luxembourg), alors qu'une grève est annoncée pour jeudi. «Les syndicats et leurs membres veulent que les réserves financières de Cargolux soient distribuées aux employés via des hausses de salaires non raisonnables (NDLR: en l'occurrence +6% pendant 4 ans), en plus des primes, sans prendre en considération l'avenir à moyen et à long terme de la société», poursuit Richard Forson.
Le dirigeant a notamment mis en avant les près de 200 000 euros (avant taxation) de primes versées à chaque salarié de 2020 à 2022, indépendamment des performances individuelles. «En aucun cas, l’augmentation salariale de 6% revendiquée par les syndicats ne peut être mise en relation avec la prime de participation aux bénéfices de la société», ont répondu mercredi midi, le LCGB et l'OGBL.
«D’une part, cette prime dépend du résultat net que l’entreprise a pu réaliser ensemble avec son personnel au cours d’une année. D’autre part, les participations au bénéfice payées pour 2020, 2021, et 2022 résultent d’une situation exceptionnelle et des résultats record dus à la pandémie et ne constituent pas un acquis durable. [...] En raison des investissements prévus pour le refleeting de Cargolux, le paiement d’une telle prime pour les années à venir devient beaucoup plus improbable et ne constitue donc pas une amélioration durable des salaires, contrairement à une augmentation salariale», développent les syndicats.
Hausse des salaires de 5% sur cinq ans
À noter que la direction a proposé, mercredi, une augmentation des salaires de 5% sur cinq ans. «Cette proposition n’a jamais été officiellement soumise et les syndicats refusent par ailleurs cette tentative de négociation sur la place publique», affirment le LCGB et l'OGBL. En outre, Richard Forson a assuré que la direction prévoyait d'inscrire dans la convention collective une garantie contre l'inflation, en cas de modification de la législation relative à l’indexation automatique des salaires (plafonnement ou autre mesure similaire). «Cette garantie est valable si Cargolux possède dans ses caisses au moins 200 millions de dollars, afin de pouvoir continuer à payer les fournisseurs en parallèle», a-t-il précisé.
En ce qui concerne la revendication d’une nouvelle grille de salaire du personnel du sol, le PDG estime que cela entraînerait un traitement inégal entre les salariés. La direction propose plutôt d'offrir une «unité de temps» supplémentaire (des point en plus dans le cadre d'un système d'échelon, à l'instar des fonctionnaires) à chaque salarié qui a été promu depuis 2015. «Cela créerait une injustice pour les salariés recrutés avant 2015», répond Paul de Araujo, du LCGB.

Télétravail
En matière de télétravail, Richard Forson affirme que la direction ne prévoit de faire revenir les employés sur le lieu de travail que si la poursuite de l'activité économique l'exige. «Nous sommes d'accord pour consulter la délégation du personnel pour mettre en place des mesures pour faciliter le télétravail», assure-t-il. S'agissant des 1 900 salariés de Cargolux, Paul de Araujo indique qu'il est difficile d'estimer un salaire moyen, dans la mesure où les métiers (administratif, encadrement du personnel, mécaniciens, pilotes) sont variés. Il ajoute que «30%» des salaires ne sont pas concernés par la convention collective.
Si un conflit social avait déjà eu lieu au sein de Cargolux, avec un débrayage du personnel en 2015, une grève serait une première dans l'histoire de la société, créée en 1970. La direction et les syndicats disent ne pas savoir combien de salariés feront effectivement grève ce jeudi. «Je ne tolérerai aucun harcèlement ou discrimination envers les employés qui veulent travailler», prévient Richard Forson, qui précise qu'une équipe de sécurité sera présente pour éviter ces cas de figure. Le PDG ajoute que des mesures seront également prises pour que les vols les plus importants puissent être assurés. En temps normal, Cargolux opère entre «17 et 20 vols par jour».
De leur côté, les pouvoirs publics vont-ils tenter de jouer les médiateurs, alors que l'image du Luxembourg à l'étranger pourrait pâtir de cette grève? Interrogé, le ministère de la Mobilité indique à L'essentiel «ne pas souhaiter commenter l'incident chez Cargolux».
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