En Ukraine – Grosse manifestation pro-européenne

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En UkraineGrosse manifestation pro-européenne

Plusieurs dizaines de milliers d'opposants pro-européens se sont réunis dimanche dans le centre de Kiev pour dénoncer l'agression d'une journaliste et militante, condamnée par les Occidentaux et qui a provoqué un tollé en Ukraine.

Environ 50 000 personnes étaient présentes sur Maïdan, place de l'Indépendance dans le centre-ville au début de la manifestation à 11h et les manifestants continuaient d'affluer massivement, selon un journaliste de l'AFP.

Il s'agit du sixième grand rassemblement de dimanche d'affilée depuis la volte-face du pouvoir ukrainien sur le rapprochement avec l'Union européenne au profit de la Russie. La mobilisation était plus importante qu'il y a une semaine, mais bien moins qu'au plus fort de la contestation, où les manifetations avaient rassemblé plusieurs centaines de milliers d'opposants dans le centre de Kiev. L'agression de Tetiana Tchornovol, 34 ans et mère de deux enfants, connue pour les enquêtes sur la corruption du président Viktor Ianoukovitch et son entourage, a donné un nouveau souffle au mouvement qui réclame le départ du président.

Agression d'une journaliste

Le jeune femme, qui est également en première ligne de la contestation pro-européenne, a été battue par des inconnus qui avaient forcé sa voiture à s'arrêter la nuit dans la banlieue de Kiev. Elle a le visage défiguré, le nez cassé et souffre d'une commotion cérébrale. Les ambassadeurs des Etats-Unis, de France, d'Allemagne, de Finlande, de Belgique et du Canada ont rendu visite à la journaliste samedi à l'hôpital. Les Etats-Unis ont exprimé jeudi leur «vive inquiétude face à la multiplication de cas de violence ciblée et d'intimidation envers les militants et les journalistes» qui participent ou couvrent la contestation pro-européenne en Ukraine.

La journaliste Tetiana Tchornovol a estimé vendredi dans une interview accordée depuis son lit d'hôpital que sa vie avait été «mise à prix» après ses enquêtes contre les résidences du président Viktor Ianoukovitch, du ministre de l'Intérieur et du procureur général. «Tetiana est très courageuse et ce qui lui est arrivé est terrible. Le pouvoir a franchi les limites», s'est insurgée l'institutrice Irina Vassylega, présente dimanche sur Maïdan. «Elle enquêtait sur les propriétés de hauts fonctionnaires et cela les a mis en colère. La manière dont elle a été battue montre l'attitude du pouvoir envers le peuple», a déclaré Igor Omeltchouk, un programmeur. Le ministère de l'Intérieur a laissé entendre vendredi que l'opposition était derrière cette agression, en affirmant que les cinq suspects arrêtés avaient des «contacts étroits» avec les partis du boxeur et leader de l'opposition Vitali Klitschko et de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. M. Klitschko a dénoncé ces déclarations «délirantes» et a promis de saisir la justice pour diffamation.

Marche vers Mejiguiria

L'opposition organise également dimanche une marche vers Mejiguiria, résidence de campagne du président Viktor Ianoukovitch à une quinzaine de kilomètres de Kiev, qui est devenue symbole de la corruption du régime suite à de multiples enquêtes concernant sa «privatisation illégale» publiées ces dernières années dans la presse. «Nous en avons assez de l'arbitraire et de l'impunité. Nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas. Vita (diminutif de Viktor), nous connaissons la route», ont indiqué les organisateur de cette marche. La manifestation sur Maïdan, place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation entourée de barricades, sera suivie d'une course automobile dont les participants remettront les exigences de Maïdan au président Viktor Ianoukovitch et son Premier ministre Mykola Azarov, a indiqué samedi Vitali Klitschko.

L'Ukraine est le théâtre depuis le 21 novembre de manifestations pro-européennes après le refus des autorités de signer un accord d'association avec l'UE en préparation depuis trois ans. Le mouvement était en perte de vitesse après la visite le 17 décembre du président Viktor Ianoukovitch en Russie où son homologue Vladimir Poutine avait accordé à l'Ukraine un crédit de 15 milliards de dollars et un rabais d'un tiers sur le prix du gaz. Ce plan de sauvetage russe pour l'Ukraine, au bord de la faillite, a été dénoncé par l'opposition qui a accusé le gouvernement d'avoir mis l'Ukraine «en gage».

(L'essentiel Online/AFP)

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