Crise économique – Haïti, un pays à la dérive qui ne sort pas de la crise

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Crise économiqueHaïti, un pays à la dérive qui ne sort pas de la crise

Les principales villes haïtiennes vivent, depuis un mois, au rythme des manifestations de l'opposition et des barricades qui paralysent toute activité.

L'histoire récente d'Haïti, pays comptant parmi les plus inégalitaires au monde, est marquée par l'instabilité politique.

L'histoire récente d'Haïti, pays comptant parmi les plus inégalitaires au monde, est marquée par l'instabilité politique.

AFP

Début juillet 2018, la décision d'augmenter de 38% le tarif de l'essence, 47% celui du diesel et 51% celui du kérosène déclenche trois jours d'émeutes. La contestation s'est amplifiée à la fin du mois d'août et prend une tournure violente, à la suite d'une pénurie de carburant. Depuis, le président Moïse se fait extrêmement discret. Il est apparu publiquement pour la première fois dans la rue, jeudi dernier. Le président haïtien n'a pris qu'à une seule reprise la parole en un mois, le 25 septembre. Les cortèges, qui rassemblent souvent plusieurs milliers de personnes, ont comme premier mot d'ordre la démission immédiate du président.

Nombre de manifestants continuent d'exiger la transparence dans la gestion de l'aide offerte par le Venezuela, à Haïti, entre 2008 et 2018, dans le cadre du programme Petrocaribe, initiative de l'ancien président Hugo Chavez, qui permit à plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes d'acquérir des produits pétroliers à un prix avantageux. Les manifestants réclament ainsi la poursuite en justice de toutes les personnes - président inclus - qui seraient impliquées dans la mauvaise gestion sinon le détournement de plus de deux milliards de dollars américains.

Cohabitation de villas et de bidonvilles

«Les 20% les plus riches d'Haïti contrôlent plus de 60% des richesses et les 20% les plus pauvres ont moins de 2% des richesses. Cette cohabitation de villas et de bidonvilles est une situation explosive, un cocktail extrêmement dangereux», analyse l'économiste haïtien Kesner Pharel. «On ne pourra pas résoudre cette crise avec des inégalités économiques si profondes», ajoute-t-il.

L'histoire récente d'Haïti, pays comptant parmi les plus inégalitaires au monde, est marquée par l'instabilité politique et le mandat de Jovenel Moïse ne fait pas exception. «Le package prévu par le Fonds monétaire international n'a pas été décaissé cette année, le support budgétaire de l'Union européenne également car la communauté internationale exigeait qu'il y ait un gouvernement et un budget voté au Parlement, ce qui n'a jamais été fait", rappelle M. Pharel. Sans cette aide au développement, Haïti ne peut subvenir aux besoins humanitaires de sa population, dont plus de 60% survit avec moins de deux dollars par jour.

Face aux nombreux scandales de corruption, ne voyant pas les conditions de vie s'améliorer, une grande partie de la population se détourne de la politique: seuls 21% des électeurs sont allés voter aux dernières élections en 2016.

(L'essentiel/afp)

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