Déi Liberal – «Il faut réduire l'intervention de l’Etat»

Publié

Déi Liberal«Il faut réduire l'intervention de l’État»

LUXEMBOURG – La nouvelle organisation politique Déi Liberal a présenté ce vendredi son courant de pensée. Entretien avec son représentant le plus expérimenté, Claude A. Hemmer.

Déi Libéral a présenté vendredi son courant de pensée. De gauche à droite: Alen Alomerovic, Robert Mines, Claude A. Hemmer, Laurent Heisten, Georges Reckinger.

Déi Libéral a présenté vendredi son courant de pensée. De gauche à droite: Alen Alomerovic, Robert Mines, Claude A. Hemmer, Laurent Heisten, Georges Reckinger.

L'essentiel

L’essentiel: Clarifions d’abord un premier point. Déi Liberal n’est pas un parti, mais bien une organisation politique.

Claude A. Hemmer: Nous nous constituons en association. Les statuts sont prêts et l’ASBL va être constituée. Nous pourrons alors accueillir des membres. Pour l’heure, une dizaine de personnes se sont rassemblées pour des réunions préparatoires.

Quel est votre parcours politique?

Membre du DP pendant près de 45 ans. Ma dernière intervention remonte à 10 ans, après je me suis abstenu, car la résolution que je voulais apporter pour ramener le parti sur des principes fondamentaux plus libéraux n’a pas reçu de majorité, loin de là. Quand vous ne réussissez pas à changer de l’intérieur, on peut donner des impulsions depuis l’extérieur.

Quelle est la ligne directrice de votre mouvement?

On part de l’autodétermination, un principe généralement admis mais les citoyens acceptent trop d’intervention de l’État. Il faut réduire la possibilité d’intervention de l’État, dans l’économie mais surtout dans la vie privée des citoyens. Il ne faut pas que les modes de vie soient guidées par l’intervention de l’État. Même les lois antidiscriminatoires ont une tendance totalitaire quand elles vous empêchent de faire vos choix.

Des exemples?

En matière de discrimination, si vous êtes propriétaire d’une maison, vous devriez pouvoir la louer à qui vous voulez. Si vous ne voulez pas la louer à un Chinois, ou autre, vous devriez pouvoir si c’est votre choix. L’État ne devrait pas aussi intervenir dans ce que vous voulez manger, boire, ou bien même en matière de drogues. Si un adulte décide librement d’en prendre, c’est son choix. Il ne faut pas criminaliser la consommation et, plus largement, supprimer tout ce qu’on appelle les crimes sans victimes.

Sur le plan économique, que préconisez-vous ?

Nous sommes orientés assez fermement sur les principes de l’économie libérale, l’école autrichienne. Nous préconisons une monnaie forte, sans intervention de l’État et qui serait couverte par l’or. La Banque centrale européenne peut créer autant d’euros qu’elle le veut mais si on avait un standard or, elle ne pourrait pas. Si vous épargnez pour plus tard, il faut une monnaie qui garde sa valeur pour être sûr qu’avec votre épargne, vous arriviez plus tard à payer vos courses. Alors que nous avons une monnaie papier qui n’a plus de contre-valeur.

Vous prônez une révision de la constitution.

Nous voudrions une constitution forte qui limiterait les prérogatives de l’État. Ce n’est pas la Constitution qui doit donner des droits aux citoyens, mais les citoyens qui donnent des droits à l’État.

En tant qu’ancien haut-fonctionnaire, réclamer moins d’État semble antinomique…

Avoir été haut fonctionnaire, membre du Conseil d’État pendant 18 ans, cela n’augmente pas la crédibilité en effet! (rires) Mais rien n’empêche d’apprendre au cours de sa vie, par les livres, l’expérience.... On ne veut pas abolir l’État mais avoir un État fort, concentré sur des missions, comme la sécurité, la justice ou les infrastructures.

Quelles critiques formulez-vous à l'encontre du DP?

Le parti ne reconnaît pas les éléments libéraux. Même s'ils en restent quelques-uns, leurs points de vue ne sont pas transférés dans la politique quotidienne. Cette coalition est contre-nature. Je ne suis pas un fervent du système gauche-droite qui n'a jamais reflété la réalité. Il y a deux façons de diriger une entreprise, un pays ou même le monde: l'ordre ou le marché.

Des voix dissonantes du DP comme celle de Charles Goerens ou Henri Grethen sont-elles derrière votre mouvement?

Non. Nous ne faisons pas appel à eux. Je suis le seul avec une certaine ancienneté politique. Nous ne sommes pas un club élitiste mais sélectif: il faut être d'accord avec la théorie sur le papier.

Comment allez-vous peser sur le débat public?

Par des communiqués, des présentations, des conférences. Et des réunions publiques comme la première, prévue le 8 juillet, à Bergem.

L'organisation a-t-elle des ambitions électorales?

Nous mettons des idées sur la table, en espérant qu'elles soient reprises par les partis politiques. Constituer des listes électorales n'est pas ce que l'on veut actuellement. Mais on ne peut pas l'exclure si des futurs membres se portent candidats pour concrétiser les idées développées.

(Propos recueillis par Mathieu Vacon)

Ton opinion