Justice en France – Ils avaient tabassé un supporter anglais à Marseille

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Justice en FranceIls avaient tabassé un supporter anglais à Marseille

Le procès de deux supporters russes, accusés d'avoir tabassé et laissé pour mort un fan anglais pendant l'Euro 2016, s'est ouvert lundi, devant les assises des Bouches-du-Rhône.

Andrew Bache est aujourd'hui lourdement handicapé.

Andrew Bache est aujourd'hui lourdement handicapé.

DR/AFP

Chemise bleu clair pour Pavel Kossov, chemise à carreaux noir et blanc pour Mikhaïl Ivkine, cheveux très courts et 34 ans tous les deux: dans le box des accusés, les deux supporters russes du Spartak Moscou, qui comparaissent détenus, déclinent poliment leur identité, loin de l'image qu'ils projetaient ce 11 juin 2016, sur les photos publiées dans la presse. Andrew Bache, 55 ans, la victime, était par contre absent du côté des parties civiles, seulement représenté par son avocat et son fils, Harry.

«M. Bache est tellement atteint physiquement et psychologiquement qu'il n'est pas en mesure de s'exprimer, même en visioconférence», a assuré Me Olivier Rosato, en décrivant son client comme l'Anglais moyen, «ce type de la classe ouvrière» passionné par «sa famille, le pub et son équipe de football» - «Pompey», le club de Portsmouth, en l’occurrence.

Selon Me Rosato, son client est désormais handicapé à vie, «entre Parkinson et Alzheimer», souffrant de graves troubles de mémoire, cloué à son fauteuil roulant. Pour lui, Pavel Kossov et Mikhaïl Ivkine n'étaient pas là par hasard ce jour-là: «Les images parlent d'elles-mêmes, toute la journée les hooligans russes ont mené une véritable guérilla urbaine, comme des paramilitaires. Pour eux, c'était comme un sport de combat».

Demandant dès l'ouverture du procès la diffusion de deux nouvelles vidéos qui éclaireraient la scène d'un jour différent, Me Alain Duflot, le défenseur de M. Kossov, a une nouvelle fois écarté la thèse de l'accusation: «Ce n'était pas les gentils Anglais contre les Russes sanguinaires», a-t-il insisté avant l'audience, récusant le terme de hooligan pour son client. «On peut être supporter du Spartak Moscou sans être un hooligan», a enchaîné Me Julien Pinelli, le défenseur de Mikhaïl Ivkine, avant l'ouverture des débats et le tirage au sort du jury, finalement composé de cinq hommes et une femme.

Ce 11 juin 2016 à Marseille, avant le choc entre l'Angleterre et la Russie, le Vieux Port de Marseille et ses environs avaient vécu un déferlement de violences impliquant, selon le procureur de l'époque, quelque 150 hooligans russes venus spécialement pour des «chasses à l'Anglais». Trente-cinq blessés avaient été déplorés, quasiment tous britanniques.

Jugés jusqu'à vendredi pour violences en réunion et avec arme ayant entraîné une infirmité permanente, les accusés encourent 15 ans de réclusion criminelle.

(L'essentiel/AFP)

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