Militaires luxembourgeois – Ils étaient à Wuhan juste avant l'épidémie

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Militaires luxembourgeoisIls étaient à Wuhan juste avant l'épidémie

LUXEMBOURG - Une trentaine de Luxembourgeois étaient à Wuhan, fin octobre, pour les Jeux mondiaux militaires. Juste avant que la pandémie n'y débute.

Wuhan. Le nom de cette ville chinoise de 8,9 millions d’habitants ne vous disait encore rien il y a un an. À eux non plus. Pourtant Bob Bertemes, Julien Henx, Raphaël Stacchiotti ou Lis Fautsch, parmi les meilleurs sportifs luxembourgeois, y étaient en octobre dernier, quelques semaines seulement avant que n’y apparaissent les premiers cas de coronavirus et que la ville ne devienne l’épicentre d’une pandémie mondiale.

Membres de la section des sportifs d’élite de l’armée luxembourgeoise, tous ont participé du 18 au 27 octobre, aux 7es Jeux mondiaux militaires, une compétition multisports organisée tous les quatre ans, l’année précédant les JO. Bertemes y a même décroché une médaille de bronze. La délégation luxembourgeoise y comptait 27 membres, dont 16 sportifs. Le vice-premier ministre François Bausch, le ministre des Sports Dan Kersch et le chef d’état-major Alain Duschène, avaient même assisté à la cérémonie d’ouverture.

«On n’avait pas le droit de manger hors du village»

«Certains estiment que les premiers cas seraient apparus mi novembre, quinze jours après notre départ. Si c’est avéré, on est passé de justesse à côté», note le Lieutenant colonel Richard Rohen, chef de mission à Wuhan. Proche des sportifs, il garde de ces Jeux un excellent bon souvenir. Entre l’«organisation exemplaire, la cérémonie d’ouverture digne des JO, l’impressionnant village accueillant 10 000 personnes bâti pour l’occasion, les installations sportives neuves à 80% et surtout la belle cohésion dans la délégation luxembourgeoise».

Impossible pour eux d’imaginer que cette ville, deviendrait, six mois plus tard, si tristement célèbre. Julien Henx a pas mal repensé à ce voyage. Le nageur dudelangeois se souvient de sites «très propres et de gens hyper gentils. Je n’ai rien mangé de bizarre. On n’avait pas le droit de manger hors du village». Rien de choquant pour lui. Pas même les «araignées grandes comme la main ou les larves de la taille d’un pouce à griller aperçues sur un étal lors d’une sortie. Même ça c’était super propre. C’est culturel. Ce sont des choses que j’avais déjà pu voir ailleurs en Asie».

En fouillant dans ses souvenirs, il se rappelle aussi d’un contrôle infrarouge de température corporelle à la descente de l’avion. «La ville est très connue en Chine car de nombreuses firmes européennes y sont implantées. Dans le village ils nettoyaient tout deux fois par jour et à minuit ils passaient au nettoyage des rues, raconte Bob Bertemes, qui se souvient aussi que «Raphaël Stacchiotti a été malade là bas. Depuis on le chambre en lui disant que c’était lui le premier cas».

«C’était comme s’il y avait un confinement autour des sites sportifs»

Mais tous ont aussi le sentiment de n’avoir vu qu’une face de la ville. La plus jolie. Faute de temps libre d’abord et en raison d'un fort contrôle des autorités, soucieuses de veiller à l’image de marque du pays. «Le patron d’un café nous a dit qu’il devait faire un rapport aux autorités de qui venait chez lui », raconte le boxeur Michel Erpelding. Bob Bertemes se rappelle lui que les téléphones étaient brouillés aux check point entre le village sportif et la ville.

«Je me souviens autour du village d’avoir vu 60-80 grues à l’arrêt. L’autoroute était presque réservée aux athlètes. C’était comme s’il y avait un confinement autour des sites sportifs», abonde le Lieutenant colonel Richard Rohen qui œuvre aujourd'hui à la cellule de crise du ministère de la santé. Tous ne risquent pas d’oublier ces Jeux. «J’avais reçu une tenue complète signée Wuhan 2019. J’ai tout jeté, avoue Julien Henx. Ce serait déplacé pour les gens qui ont souffert de porter ces vêtements, genre j’y étais».

(Nicolas Martin / L'essentiel )

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