À PortoIls organisent des visites guidées de la crise
Des architectes engagés font voir les bâtiments laissés à l'abandon de la grande ville portugaise du Nord. Ils sensibilisent ainsi à l'impact de la crise sur leur cité.

Pour éviter les balades en bus décapotable et autres clichés, certains touristes choisissent de suivre un guide pour «les pires tours» de Porto, «The Worst Tours» dans la version originale en anglais. Créés à la fin 2012 par trois architectes qui alternent entre le chômage et la précarité, ces parcours proposent aux visiteurs étrangers de découvrir l'envers du décor d'un pays qui vit depuis trois ans sous le signe de l'austérité.
Selon les statistiques officielles, Porto comptait en 2011 près de 26 000 logements vides, soit 18,7% du total contre 15,5% à Lisbonne et 12,5% dans l'ensemble du pays. «Cela fait plus d'une dizaine d'années que la ville se vide, mais l'austérité a sérieusement aggravé les choses», raconte Margarita, une guide disant avoir cessé de compter le nombre de ses amis partis à l'étranger pour trouver du travail.
Bien qu'ils refusent l'idée de faire du «tourisme de la misère» comme dans les favelas brésiliennes, les guides des «Worst Tours», qui militent aussi dans d'autres mouvements de contestation politique et sociale, se sont attirés beaucoup d'inimitiés. Ce sont des «jeunes révoltés», «des voix isolées» dont le discours «nuit gravement» à l'image que la ville veut donner à l'étranger, lance Helena Gonçalves, directrice de l'agence de promotion touristique de Porto et de la région nord.
(L'essentiel/AFP/JAH)