Au Luxembourg«Ils utilisent ma photo pour faire des arnaques»
LUXEMBOURG - Pour escroquer leurs victimes, certains criminels utilisent les profils d'anonymes sur Internet. Le Luxembourgeois Patrizio Conti en a fait la triste expérience.

Le clown-magicien Patrizio Conti aimerait sûrement faire disparaître certains profils Facebook, mais ses pouvoirs mystiques ne semblent pas toucher Internet. En se baladant sur la Toile, ce Luxembourgeois d’origine italienne a eu la mauvaise surprise de tomber sur sa propre photo, sous plusieurs noms différents. Des personnes ont détourné ses photos et son profil pour s'inscrire sur Facebook et des sites de rencontres.
«Ils ont volé mes images sur mon book, explique Patrizio, contacté par L’essentiel Online. Ils l'utilisent pour monter des arnaques. J’ai déjà réussi à faire fermer le compte Facebook d’un faux policier avec ma photo. Il demandait de l’argent à ses victimes». Ces usurpateurs? Des «brouteurs», principalement originaires de Côte d’Ivoire, qui abusent de la faiblesse de leurs victimes pour soutirer de l’argent facilement. «Une pratique qui n’est pas très répandu au Grand-Duché mais qui arrive», comme partout en Europe, confirme Alex Dulaunoy du CIRCL, contacté par L’essentiel Online.
Au moins trois noms d'emprunt
«J’ai eu connaissance de ces problèmes il y a quelques semaines», avoue le magicien, mais les faux profils existent depuis plus d’un an. «Une femme, qui avait été piégée, a fait une recherche de photo dans Google et est retombée sur moi. Elle m’a contactée pour m’expliquer la situation». La méthode est toujours similaire: des mails, pressants voire menaçants, envoyés par des faux policiers, juristes ou hommes d’affaires, demandent des relevés bancaires sur des adresses en Afrique. Avec les informations et la photo de Patrizio, ils se font passer pour, entre autres, Patrick Dechavaux, Bruno Grillet ou encore Bernard Miroff.
«La première réaction à avoir c’est de contacter les autorités, qui listeront les arnaqueurs à Interpol», indique le CIRCL. Et comment limiter la casse? «À partir du moment où vous publiez des informations sur Internet, tout peut être récupéré à des fins malheureuses. Il suffit d’être parcimonieux dans les informations délivrées. Il n’y a pas de solution miracle. Il faut surtout éviter d’envoyer des scans de carte d’identité, de passeport ou de tout document officiel par mail». Ou être sûr de la sécurisation du réseau.
Ne pas hésiter à porter plainte auprès de la police et... de Facebook
Sur Facebook, un formulaire de plainte est disponible sur le site afin de dénoncer un profil frauduleux. Les services du réseau social se chargent alors de peser la véracité de la requête, et peuvent supprimer le faux. «Lorsque j’ai dénoncé le profil, j’ai reçu un SMS du site qui m’a demandé de confirmer ma plainte», explique Patrizio. Il faut surtout s’armer de patience. Un autre formulaire permet de déclarer un vol de propriété intellectuelle, pour dénoncer une usurpation d'informations sans le consentement de l'auteur. Toutes les photos sont également soumises au droit à l’image. «Une personne peut en principe s’opposer à la diffusion de sa photo sur Internet par un tiers», indiquait un juriste spécialisé dans le droit d’auteur sur notre site. Patrizio a déposé une plainte à la police de Remich, le 29 juin dernier, pour usurpation d’identité.
Au Luxembourg, le détournement d’informations par piratage, la captation d’identité personnelle ou l’usurpation d’une identité sont punis par la loi par des peines de prison allant jusqu'à cinq ans et 30 000 euros d’amende, plus des dommages et intérêts pour le préjudice causé. Fin 2010, un internaute qui avait créé un compte au nom de l’humoriste Omar Sy avait été condamné à 1 500 euros de dommages et intérêts pour atteinte à la vie privée et violation du droit à l’image. Des décisions judiciaires encore trop rares, certaines préférant encore laisser courir les faux profils sur Internet...
(Jonathan Vaucher/L'essentiel Online)