Procès du 13-NovembreSalah Abdeslam a eu «honte de ne pas être allé jusqu'au bout»
Salah Abdeslam est brièvement sorti de son silence mercredi au procès des attentats du 13-Novembre pour réaffirmer qu'il avait «renoncé» à se servir de sa ceinture explosive le soir du 13 novembre 2015.

«J'ai pas été jusqu'au bout, j'ai renoncé à enclencher ma ceinture, pas par lâcheté, pas par peur, mais je voulais pas, c'est tout», a dit Salah Abdeslam en réponse aux questions d'une avocate des parties civiles, alors qu'il exerçait son droit à se taire depuis le début de son interrogatoire.
Le seul membre encore en vie des commandos jihadistes opposait depuis environ deux heures le silence aux questions de la cour, de l'accusation et des premiers avocats de parties civiles quand il a décidé de fournir quelques réponses. Me Claire Josserand-Schmidt avait débuté son tour de questions en rappelant au principal accusé sa «promesse» lors d'un précédent interrogatoire sur le fond du dossier de donner des explications.
«Navré»
«Les parties civiles ne cherchent pas à vous poser des questions pour vous piéger, mais pour chercher à comprendre, à vous comprendre», a insisté Me Josserand-Schmidt, posant une série de questions. Se disant d'abord «navré», Salah Abdeslam a finalement accepté de «répondre à quelques questions». Alors que le président de la cour d'assises spéciale de Paris voulait donner le tour de parole à ses confrères, Me Josserand-Schmidt a demandé à pouvoir poursuivre cet «échange» avec le principal accusé.
L'avocate l'a notamment questionné sur ses précédentes déclarations, quand il avait déjà laissé entendre en février qu'il avait fait «marche arrière» et renoncé à déclencher sa ceinture d'explosifs le soir du 13-Novembre. Ce que Salah Abdeslam a confirmé.
«J'avais peur du regard des autres»
«Pourquoi avoir alors dit à des proches que la ceinture n'avait pas fonctionné, le relance Claire Josserand-Schmidt. "C'est un mensonge alors?» «Oui, c'est ça», consent l'accusé. «J'avais honte de ne pas être allé jusqu'au bout. J'avais peur du regard des autres (jihadistes). J'avais 25 ans. Voilà, c'est le fait que j'avais honte, tout simplement», a conclu le Français de 32 ans, avant de se murer à nouveau dans le silence.
Plus tôt il avait en effet déclaré: «Monsieur le président, Messieurs et Mesdames de la cour. Aujourd'hui, je souhaite faire l'usage de mon droit au silence». «Bien, je vais poser des questions et je n'aurai pas de réponse, c'est ça ?», avait dit le président Jean-Louis Périès. «Oui, c'est ça», répond l'accusé, habillé tout en noir, d'une voix calme.
«Je n'arrive plus»
«Pour quelles raisons ?», insiste le président désarçonné et déçu par l'attitude de l'accusé. «Vous avez été parfois provocateur, je vous l'ai dit, mais vous avez pu avoir des propos compréhensifs à l'égard des victimes», avait-il expliqué à Abdeslam. «Il y a beaucoup de raisons de ne pas parler. C'est aussi pour qu'on ne me qualifie pas de provocateur que je ne souhaite plus m'exprimer. C'est mon droit, je n'ai pas à me justifier», avait répondu l'accusé d'une voix calme et claire.
«J'ai fait des efforts, j'ai gardé le silence pendant six années. Puis j'ai changé d'avis, je me suis exprimé à l'égard des victimes avec respect. Aujourd'hui, je ne veux plus m'exprimer. Je n'arrive plus», avait-il dit avant de s'assoir sur son banc.